Entre Orient et Occident, l’Italien Giacinto Scelsi pensait sa fascinante musique en termes d’énergie. Pas de photo, peu d’interview. L’Italien Giacinto Scelsi, né en 1905 à La Spezia (Sicile), laissa à sa mort, en 1988, un ensemble de partitions surprenantes, presque toutes essentielles, du choeur au piano, de l’orchestre à la voix solo et […]
Entre Orient et Occident, l’Italien Giacinto Scelsi pensait sa fascinante musique en termes d’énergie.
Pas de photo, peu d’interview. L’Italien Giacinto Scelsi, né en 1905 à La Spezia (Sicile), laissa à sa mort, en 1988, un ensemble de partitions surprenantes, presque toutes essentielles, du choeur au piano, de l’orchestre à la voix solo et une seule image en guise de signature : un cercle et un trait au-dessus de son nom. Voyageur solitaire en Afrique et en Asie dans les années 30 et 40, il s’initie aux philosophies orientales, puis revient en Europe, adopte le bouddhisme et cultive désormais le mystère, l’absence et l’ascétisme. A Rome, il est parmi les premiers à exposer en Italie la nouvelle peinture américaine à partir de 1952, tout en rejoignant le groupe de composition et d’improvisation Nuova Consonanza. A Paris, il fréquente Tzara, Brancusi, Pierre Jean Jouve, qui l’aide à publier ses premiers recueils de poésie en français chez Guy Lévis Mano Le Poids net (1949), L’Archipel nocturne (1954) et La Conscience aiguë (1962) , Dali et Michaux, ami et complice d’expérimentations les plus insensées.
Malgré quelques créations parisiennes dans les années 50 (La Naissance du verbe, Perdus, Quatuor n° 1, Divertimento n° 2, Quatre pièces sur une seule note), le musicien demeure incompris et se tient de plus en plus à l’écart, reclus dans son palais romain, face au Palatin. D’une collaboration lente mais fructueuse avec la soprano Michiko Hirayama à Rome naissent d’extraordinaires partitions vocales : Hô (1960), Khoom, Taiagarù et Les Chants du Capricorne (1962). Ce n’est qu’à partir des années 80 que le musicien connaît une reconnaissance tardive grâce, en particulier, à de jeunes interprètes français et allemands, et l’attention bienveillante d’autres compositeurs, tels Horatiu Radulescu et John Cage. Dès lors, le monde entier découvre cette musique unique et inclassable, qui capte et fascine, et dont les sources se situent entre Scriabine, Varèse et les musiques traditionnelles japonaises et indiennes. Scelsi développe une troisième dimension du son, la profondeur. « La musique classique occidentale a consacré pratiquement toute son attention au cadre musical, à ce qu’on appelle la forme. Elle a oublié d’étudier les lois d’énergie sonore, de penser la musique en termes d’énergie, c’est-à-dire de vie. » Yamaon (1954-58), qui « prophétise au peuple la conquête et la destruction de la ville d’Ur », Rucke di Guck (1956) et Kya (1959) sont parmi ses oeuvres les plus fascinantes : elles saisissent l’auditeur et l’emportent dans un ailleurs jusque-là inconnu. Marcus Weiss, Philippe Racine et Johannes Schmidt en sont les mystérieux et distingués intercesseurs.
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