Au feu le pompier ! Deux compilations du compositeur attitré de Kieslowski: grand teint pour l’une, limite overdose pour l’autre. de film Zbigniew Preisner a dû tirer une drôle de tête le jour où Kieslowski a annoncé sa décision d’arrêter le cinéma. Toutes proportions gardées, Preisner est tout de même à l’auteur du Décalogue ce […]
Au feu le pompier !
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Deux compilations du compositeur attitré de Kieslowski: grand teint pour l’une, limite overdose pour l’autre.
de film Zbigniew Preisner a dû tirer une drôle de tête le jour où Kieslowski a annoncé sa décision d’arrêter le cinéma. Toutes proportions gardées, Preisner est tout de même à l’auteur du Décalogue ce que Legrand est à Demy, Jansen à Chabrol ou Herrmann à Hitchcock. Dix ans de bons et loyaux services et, tout d’un coup, crac, plus rien. Ce qui, soit dit en passant, rend a posteriori assez cocasse la ressemblance entre l’un des plus fameux morceaux de Preisner (L’Hymne à l’unification de l’Europe) et le vieux succès de Bécaud, Et maintenant, que vais-je faire ?… L’heure paraît donc assez appropriée pour arrêter les comptes, dresser les premiers bilans et se pencher sur cette décennie au cours de laquelle Preisner aura illustré, outre Kieslowski, Hector Babenco, Agnieszka Holland et Louis Malle. Virgin nous y invite en érigeant au compositeur deux statuettes rétrospectives, l’une consacrée aux musiques pour la trilogie Bleu-Blanc-Rouge, l’autre reprenant pêle-mêle quelques-unes des BO du Polonais. De la trilogie, il y a peu à dire : une couleur de plus, c’était l’overdose. On a beau fouiller, sonder, réécouter sans fin, on ne peut s’empêcher de trouver languissantes ces musiques où les amateurs de Trois couleurs retrouveront leurs émotions mais dont le style n’évoquera aux autres qu’un habile compromis entre Morricone, Vangelis et Rota (musiciens que Preisner lui-même cite comme modèles). Pour être juste, disons qu’il y a aussi quelques dignes réminiscences de Satie (période ésotérique) et de Carlos d’Alessio (tendance tango et cha-cha-cha). Avec la compile, c’est autre chose : on a du Preisner grand teint, avec trompettes, orgue, chœurs de chérubins et sopranos extatiques. De Fatale à La Double vie de Véronique, c’est toujours cet éternel fantasme de musique classique pour jeunes filles en fleur, et l’on pourrait clore le sujet en disant que Preisner se range dans cette histoire musicale dont Saint-Preux a écrit quelques-unes des pages les plus glorieuses. En réalité, c’est un poil plus tordu que ça : une musique sur le fil, au bord du précipice, musique en équilibre précaire entre les dangers qui la guettent de toutes parts (mièvrerie, kitsch, pompiérisme). Franchement, on ne voudrait pas être là quand elle se cassera la gueule.
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