D’abord, on installe le matelas mousseux d’un grand orchestre synthétique. Sur cet édredon bien molletonné, une voix de péronnelle s’ébroue langoureusement, s’étire en longues mélopées caressantes, marchande de sable sexy-sensuelle pour dériver en douceur vers le pays des rêves. C’est un plaisir de chevet, l’infusion nécessaire du moment, une addiction égoïste et difficilement explicable. Car, […]
D’abord, on installe le matelas mousseux d’un grand orchestre synthétique. Sur cet édredon bien molletonné, une voix de péronnelle s’ébroue langoureusement, s’étire en longues mélopées caressantes, marchande de sable sexy-sensuelle pour dériver en douceur vers le pays des rêves. C’est un plaisir de chevet, l’infusion nécessaire du moment, une addiction égoïste et difficilement explicable. Car, dans ces volutes néo-grégoriennes électro-planantes, rien que n’aient déjà murmuré les Cocteau Twins depuis dix ans sans que cela nous chauffe plus que ça. Alors, d’où vient ici l’envoûtement ? Peut-être de ces ronds de basse qui battent la pulsation de la nuit ? Ou de ces suintements de guitares twang tapies dans les recoins mal éclairés ? Plus sûrement, du fait que ce disque rappelle des images inoubliables, puisque les chansons de Julee Cruise et Angelo Badalamenti rythmaient le pouls malsain de Blue velvet et de Twin Peaks. Et si le tapage David Lynch commence à nous sortir par les trous de nez, il est bon de rappeler une qualité essentielle du cinéaste : son intuition et sa cohérence absolue en matière de soundtracks. Roy Orbison, Chris Isaak, Badalamenti et Cruise illustrent tous cette obsession lynchienne par excellence : le pays des rêves est une contrée où tout peut se passer. C’est merveilleux, mais aussi très inquiétant.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Archives du n°26 (nov/déc 90)
{"type":"Banniere-Basse"}