Un blockbuster au second degré faussement cool et transgressif, sauvé par la partition impressionnante d’une Charlize Theron au sommet de sa forme.
Berlin, automne 1989. Alors qu’un chapitre glacial du XXe siècle s’apprête à se refermer face aux efforts conjugués des négociations politiques et d’une jeunesse avide de liberté, des espions anglais et russes se lancent dans un chassé-croisé sanglant dans les rues de la capitale scindée en deux, pour mettre la main sur un dossier de la plus haute importance. L’agent Lorraine Broughton, incarnée par une Charlize Theron au sommet de sa coolitude guerrière et de sa sensualité prédatrice, met les pattes dans ce nid de tension pour remuer une fourmilière déjà bien instable. Ses motivations réelles sont obscures et ses méthodes expéditives.
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Adapté d’un roman graphique (The Coldest City d’Antony Johnston et Sam Hart) et conçu comme un divertissement pop infusé de second degré, Atomic Blonde se laisse déguster comme un plaisir estival coupable et rythmé, un John Wick au féminin (les deux films partagent le même réalisateur) qui en reprend les codes jusqu’au bout des ongles : esthétique pulp, personnages badass et chorégraphies guerrières virtuoses.
Le cinéaste, ancien cascadeur et chorégraphe de combats ayant officié sur la trilogie Matrix, déploie toute son inventivité formelle dans des affrontements nerveux en plans-séquences dont la sauvagerie magnétique n’est pas sans rappeler les prouesses de The Raid.
Mais la débauche interminable de violence (ça gicle et ça craque à chaque entournure) et de sexe soft (idem, plus un défilé de tenues plus caliente les unes que les autres) vire du corrosif jouissif au racolage gênant. Au-delà, chaque ressort du film, de la caractérisation outrée des personnages au scénario faussement alambiqué en interminable empilement de twists, fleure la recette ultracalibrée et déjà (trop) vue.
Quant au cadre géographique et temporel aux possibilités narratives inouïes, il est malheureusement relégué au rang de décor de carte postale, prétexte à une visite touristique des lieux emblématiques de la capitale allemande, fantasmée en antre de débauche colorée et en terrain de jeu pour gangsters de tout poil.
Reste l’engagement physique et artistique impressionnant de Charlize Theron qui, après Mad Max: Fury Road et Fast & Furious 8, s’impose comme l’une des figures incontournables du cinéma d’action contemporain.
Atomic Blonde de David Leitch (E.-U., 2017, 1 h 55)
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