Epargnée par les rhumatismes, la pop-punk des Buzzcocks pétille comme il y a vingt ans : avec sucre et caféine. Les Buzzcocks vieillissent si peu qu’on s’étonne de leur participation aux festivals d’été du revival punk. Eux, qu’aujourd’hui encore Joe Strummer et John Lydon s’accordent à considérer comme l’exception d’une génération grisonnante, n’ont rien à […]
Epargnée par les rhumatismes, la pop-punk des Buzzcocks pétille comme il y a vingt ans : avec sucre et caféine.
Les Buzzcocks vieillissent si peu qu’on s’étonne de leur participation aux festivals d’été du revival punk. Eux, qu’aujourd’hui encore Joe Strummer et John Lydon s’accordent à considérer comme l’exception d’une génération grisonnante, n’ont rien à gagner dans ce genre de célébrations mercantiles. Eux jouent sur d’autres tableaux. Intemporels. Parler de fraîcheur pour ce nouvel album serait sans doute déplacé, mais la formule mancunienne semble pourtant à l’abri des rides et autres outrages des ans. Loin de ne vivre que sur leurs acquis, Pete Shelley et Steve Diggle remettent des bûches sur un brasier vieux de deux décennies pour en raviver sans cesse l’aisance et l’efficience. Si le souffle raccourcit, entraînant une fin de parcours en demi-teintes, les premiers sprints enchaînés ici pétillent comme ceux d’hier. L’acuité mélodique, l’énergie gentiment hautaine rivent Totally from the heart ou Point of no return à nos neurones comme y restent tatoués à jamais d’autres Fast cars ou Ever fallen in love. Plus incisif encore que le Trade test transmissions du retour (1993), All set honore un sceau déterminé. Si les guitares ont su évoluer pour rallier les canons esthétiques du temps présent, la voix acidulée de Pete Shelley demeure cet incomparable modèle de déséquilibre et de délicatesse, ce contrepoids noble des racines binaires. Cette conjonction d’ingrédients doux et durs, cette alchimie unique, fait encore des merveilles. Comme si leur spécificité d’orfèvres sans compagnonnage leur interdisait de raccrocher les gants, les Buzzcocks serrent les dents et renaissent à chaque refrain. On les attend en roue libre, on les découvre en fait poussant un braquet de grimpeur dès qu’une occasion de prouver leur panache intact se présente. Issus d’une race trop rare de musiciens capables d’écrire l’histoire et de la perpétuer sans radoter, ils comblent d’une conviction sans tache les quelques brèches qui ont pu s’ouvrir dans leur mur d’impulsion et de candeur. On les savait grands, on les retrouve forts. Et il serait assez cocasse de les voir bénéficier d’une revanche qu’eux au moins ne réclament pas. Comme une victoire de la tempérance sur la forfanterie. Ce disque est d’ailleurs préparé à toute éventualité : truffé comme ses prédécesseurs de hits potentiels, d’étincelles pop prêtes à embraser la planète. Sixteen again’