Vous avez loupé les morceaux, découvertes et tubes publiés quotidiennement par JD Beauvallet ? Hourra : ils sont tous ici.
Lundi 22
Zola Blood // Meridian
Il y a quelques semaines, on s’excitait comme un tamanoir dans une fourmilière en parlant de Zola Blood, héritiers possibles du spleen indélébile, oppressant de Portishead, dont les Londoniens modernisaient les méandres. Toujours enfermés dans leur studio – ils n’ont pas encore trouvé comment adapter sur scène leur songwriting lent et maniaque –, ils offrent aujourd’hui Meridian, pouls légèrement accéléré et pop plus claire, avec ce chant très au-dessus et brillant, comme un ballon d’anniversaire gonflé à l’hélium et coincé sous la voûte d’une cathédrale Le Corbusier.
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Mardi 23
Algiers // Blood
Sur le site de présentation, pas de discours, pas de frime, mais un fatras d’images, chaos d’où émergent des cassettes rigoureuses du label Factory, l’exaspération des Black Panthers, la morgue de punk-rockers d’origine, Sun Ra et PiL, Alan Vega ou Agnes Varda. Débrouillez-vous avec ça. Malgré un son foncièrement américain, mélangeant des gospels éventrés, du rock des montagnes sauvages ou de la country électrocutée, ces disciples de Gun Club ou Nick Cave sont pourtant anglais – et promis aux plus hautes fonctions : celles de vous arracher la tête et de faire du moonshine avec votre sang. Ce sont eux qui auraient dû s’appeler Fauve. Fantastique.
Mercredi 24
Man Made // TV Broke My Brain
A Manchester, Man Made s’insurge contre le nettoyage par le néant qu’offre la télévision aux masses hébétées, affalées, inertes… Vu leur âge, on s’étonne que la télé soit encore un enjeu : on aimerait savoir qui, parmi les 100 000 étudiants de la ville par exemple, regarde encore la télé-à-papa. Mais ça semble les avoir traumatisés, sur un TV Broke My Brain aux guitares étonnamment fermes et familières – jusqu’à ce qu’on se rende que le chanteur/guitariste en question s’appelle Nile Marr et que son père se prénomme Johnny…
Jeudi 25
John Milk // Treat Me Right
Comme on a été mélancolique depuis ce début de semaine, on a négligé la musique des fesses – heureusement que le label français Underdog veille au grain. Car c’est du funk solide, massif, fêtard que propose sa nouvelle recrue John Milk, qui vient de Lyon, mais pourrait pareillement crâner sur des origines philadelphiennes ou californiennes. Milk frais et saturé en protéine, dont le Treat Me Right aurait pu sans soucis sortir sur un de ces labels érudits de la musique des diablesses, de Stone Throw à Fat Possum. Orgue d’église et déhanchements débauchés : la combinaison gagnante.
Vendredi 26
Lucern Raze // Summertime Blues
Il faut vraiment en vouloir pour se prendre une grosse insolation en Suède, mais c’est un sévère coup sur la cafetière qu’a reçu Lucern Raze, accompagné sans doute de quelques grêlons et caillasses. L’Anglais et sa guitare, l’un et l’autre expatriés en Suède, ne s’en sont pas remis, hoquetant un rockabillly épileptique, qui donne le sourire à Suicide et fait des nœuds avec les jambes des téméraires danseurs. Du garage-rock ? Oui, mais alors le garage de l’armada entière des Fous du volant.
Samedi 27
Bored Nothing // Ice-Cream Dreams
Revival années 90, épisode 957. Si vous avez manqué les épisodes précédents : nous sommes en 2014, il est cool de porter des t-shirts à manches longues sous des chemisettes à carreaux éventrées, d’écouter Pavement et Dinosaur Jr, de vénérer Lou Barlow et même de rêver des Lemonheads, de surf et d’Australie. Bored Nothing est justement australien, sans doute surfer quand il arrive à se lever et a demandé à son coiffeur de strictement imiter la tignasse de Kurt Cobain. Il n’était peut-être même pas né au début des années 90, mais il kiffe trop ce son mal luné, mal lustré, mal lavé qui fit la gloire des slackers d’alors. Ceci dit, il peut négliger ses mélodies autant qu’il veut, car ce qui fait craquer ici reste sa voix traînante et vulnérable, qui évoque celle du regretté Elliott Smith – pour continuer dans les années 90.
Dimanche 28
Raindeer // This Is Rock’n’Roll
Il y a quelques semaines, on s’excitait comme un cerf à l’époque du brame et du sexe pour tous à l’écoute des Espagnoles délurées de The Deers. Tremblements et bave aux lèvres calmés, on peut évoquer aujourd’hui les Raindeer, américains mixtes de Baltimore qui, sur leur This Is Rock’n’Roll se livrent à un bien cocasse cours d’histoire, qui mélange les synthés eighties, la nonchalance seventies et la prétention babarty de quelques groupes de Brooklyn des années 00. Et le pire, c’est que leur cours magistral, qui avait tout pour être barbant et prétentieux, se révèle à l’usage excitant et joyeux. Malin celui qui ne chantera pas “This is Rock’n’Roll, la la la la la” à tue-tête pendant tout son dimanche, à en rendre fou ses voisins, sa famille ou son chat.
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