La compilation est un genre très prisé par les maisons de disques, particulièrement à Noël. L’exercice est tout aussi méprisé par la plupart des spécialistes de la chose appelée musique. Entre les louables prétentions esthétiques des uns et les inavouables intentions mercantiles des autres, l’objectif visé est ce que tous nomment en chœur avec […]
La compilation est un genre très prisé par les maisons de disques, particulièrement à Noël. L’exercice est tout aussi méprisé par la plupart des spécialistes de la chose appelée musique. Entre les louables prétentions esthétiques des uns et les inavouables intentions mercantiles des autres, l’objectif visé est ce que tous nomment en chœur avec un rien de dédain le plus ou moins grand public. A cet égard, malgré ses limites inhérentes, d’autant que la thématique est précise et il faut bien l’avouer quelque peu en vogue (ici, les évidentes parentés de ballades sahariennes avec le falsetto de Skip James), Désert blues présente un bon panorama.
Du Soudan à la Mauritanie, de l’Ethiopie au Sénégal, ces deux disques soulignent les traits spécifiques (la primauté de la voix narrative, les fondements mélodiques des cordes luth, oud, guembri, guitare, kora , une trame rythmique dépouillée) à cet ensemble géographique. Ce sont de telles caractéristiques que l’on prête au blues. Au-delà, on retient surtout une communauté d’esprit, les mots bleus, que résume superbement le dicton touareg, exergue du remarquable Assouf gravé en 1994 par Baly Othmani et Steve Shehan : « Dieu a créé des pays pleins d’eau pour que les hommes y vivent et des déserts pour qu’ils y découvrent leur âme<." Voilà ce que suggère cette sélection, où sont réunis quelques musiciens reconnus, les Sénégalais Baaba Maal et Youssou N’Dour, le Malien Ali Farka Touré dont les rencontres avec Ry Cooder et Taj Mahal donnent un sens à la thématique, la festive Ounou Sangare que louait Don Cherry, la Mauritanienne Dimi Mint Abba aux purs éclats vocaux. Où figurent également les moins connus Baly Othmani le Touareg, Mahmoud Ahmed et son remuant rhythm’n’blues, Aster Aweke aux sublimes quarts de ton… Malgré les inévitables oublis (Lobi Traoré, Hamida Boussou, Mamoud Guenia, Alla Bachir, Attar Rimitti…), Désert blues rend un bel hommage à une foule de labels tels que World Circuit et Al Sur. Et atteste de la validité des paroles de Willie Dixon, vieil homme du Mississippi qui prétendait que « le blues est la racine de toute la musique. Or, on sait bien qu’il est impossible de récolter les fruits si l’on ne soigne pas d’abord les racines ! »
Désert blues, ambiances du Sahara Coffret 2 CD (Network/Harmonia Mundi)
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