Deux disques d’amours électroniques, pondus par des jeunes prodiges des machines pensantes. Le Californien Kid 606, d’abord, nous avait habitués à des disques de techno bordélique, tendance bruitiste, livrés en vrac et s’évertuant à épuiser les oreilles. Pour cet album, qui lui a été commandé par les Allemands du label Mille Plateaux, le Kid a […]
Deux disques d’amours électroniques, pondus par des jeunes prodiges des machines pensantes. Le Californien Kid 606, d’abord, nous avait habitués à des disques de techno bordélique, tendance bruitiste, livrés en vrac et s’évertuant à épuiser les oreilles.
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Pour cet album, qui lui a été commandé par les Allemands du label Mille Plateaux, le Kid a restreint ses effusions pour ne plus laisser paraître que quelques épanchements romantiques. Doucement infusée le long de ce PS I Love You, complètement addictif, l’électronique du Kid serre la gorge, pour mieux briser le cœur. Les mélodies patraques, parfois enfouies sous un dub abstrait à la Pole, parfois cristallisées autour d’arpèges de guitares éthérées, s’insinuent, sournoises, dans la tête, et murmurent des mots doux, susurrent des banalités toutes tendres. PS I Love You (assurément le plus beau titre du monde) se construit dans la discrétion, loin des scènes de ménage et des amours heurtées. PS I Love You peint toutes ces impossibilités amoureuses que l’on croyait ensevelies depuis la disparition des Field Mice : adultes, le Kid nous ramène en pleine crise d’adolescence, lorsque les disques, ces compagnons de fortune, étaient les seules compagnes de nos vies misérables. Le disque de Gel: ressemble plutôt à une liaison hachurée, pleine de craquements, de fissures, de maux de tête qui s’étirent, de coups de gueule inutiles. eVidenZ est une tranche de vie sublimée, comme un après-midi banal mais empli d’une violence sourde. Les beats de Gel: sont déstructurés et cohabitent avec des nappes glacées : eVidenZ est d’une beauté toute froide, fébrile, effrayante. Au milieu du disque, une guitare se pose, pleine d’échos crades. Tout à coup, une voix hurle : « Arrête de te foutre de ma gueule ! » Suit une scène de ménage. L’amour, il n’y a que ça de vrai.
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GEL: eVidenZ ep (Gooom/Chronowax)
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