Au sommet de la pop-music, les Kinks chantaient autrefois “We are the village green preservation society” : “Nous sommes la ligue de protection des espaces verts dans les villages”… Avec son petit côté Pêche, Chasse et Tradition de la pop-song, ce manifeste est longtemps tombé dans l’oreille de sourds, n’y ayant entendu qu’un appel à […]
Au sommet de la pop-music, les Kinks chantaient autrefois « We are the village green preservation society » : « Nous sommes la ligue de protection des espaces verts dans les villages »… Avec son petit côté Pêche, Chasse et Tradition de la pop-song, ce manifeste est longtemps tombé dans l’oreille de sourds, n’y ayant entendu qu’un appel à l’orthodoxie, défendue à la force d’instruments rigoureusement choisis Rickenbaker, Vox et de saintes lois d’écritures gravées dans le marbre des sixties. Heureusement, de The Olivia Tremor Control aux Gorky’s, de Beta Band à Salako, c’est aujourd’hui loin des dogmes que la pop-song s’épanouit. Même un songwriter aussi doctrinaire que Noel Gallagher se rend aujourd’hui compte de l’impasse, enviant publiquement la liberté gagnée sur le format pop par Beta Band. La technologie, contre qui la pop à guitares dressait il y a quelques années encore gousses d’ail et crucifix, est aujourd’hui accueillie en précieuse alliée. Les outils de la dance-music même si très discrets ici ont servi de Viagra d’un genre en voie de sénilité. Du coup, chez les enthousiasmants Salako, les sages leçons Simon & Garfunkel ou celles, kaléidoscopiques et turbulentes, de Syd Barrett ou XTC ne sont jamais un arrêté à suivre aveuglément, mais au contraire un point de départ, de fuite même, pour ces guitares chercheuses, rieuses. Car dans le village green des Kinks, Salako a découvert une plantation de champignons magiques, juste à côté du bac à sable : d’où ce psychédélisme enfantin, coloré, qui dissipe des chansons à la coupe par ailleurs assez classique. Et même s’il y a parfois, dans l’exaltation des refrains, dans la ferveur des entrelacs de voix (l’illuminé Come! follow me), un côté enfant de choeur qui rappelle les voisins de label de Belle And Sebastian, Salako fume les cierges (The Cloning of Fundaleg Ulag), met des acides dans l’encensoir : comment, autrement, justifier des croisades aussi absurdes que celle de Green is the colour of evil (« On dit aux Occidentaux que les légumes sont essentiels à tout régime sain, mais des gens refusent de croire ça ») ? Le vert, comme couleur du mal : un coup tordu pour les puritains de la village green preservation society, qui avaient transformé les espaces verts en musées. Chez Salako, ils restent un terrain de jeux, ouvert à toutes les cabrioles.
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