Deux albums tourneboulants rappellent que DJ Premier est un immense producteur de rap. On devrait surnommer DJ Premier le gold finger du rap : de Nas à KRS One en passant par Jeru The Damaja et Gangstarr, tout ce qu’il touche vire au miracle, sa patte étant capable de dénicher la pépite sous les morceaux […]
Deux albums tourneboulants rappellent que DJ Premier est un immense producteur de rap.
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On devrait surnommer DJ Premier le gold finger du rap : de Nas à KRS One en passant par Jeru The Damaja et Gangstarr, tout ce qu’il touche vire au miracle, sa patte étant capable de dénicher la pépite sous les morceaux les plus anodins à la base. DJ Premier a surtout cette capacité à être constant et pourtant consternant à chaque nouvelle production, sa touche immédiatement identifiable évoluant au plus près de l’esprit de chaque artiste sur des bases quasiment immuables : splendides loops mélodiques sur beats secs. Attachants et parfois même bouleversants, toujours dotés de la simplicité épurée et de l’authenticité hip-hop qui le caractérisent, ces deux albums sont une nouvelle confirmation de son immense talent.
Melachi et Lil’ Dap de Group Home sont à rapprocher de Nas pour leur capacité à transformer les épreuves les plus tragiques en leçons de sagesse (Mel a dû encaisser très jeune l’assassinat de son père avant de perdre son meilleur ami à 17 ans) et pour leur obstination à raconter, défendre et encourager les rescapés des quartiers dévastés dont ils sont originaires le Bronx et Brooklyn. Protégés de longue date de Guru et Premier, les deux jeunes New-Yorkais 18 et 21 ans ont commencé par rimer sur le dernier album de Gangstarr, Hard to earn, avant d’exposer leur saisissante vision du ghetto sur le single Supa star. Sorti aux Etats-Unis il y a presque six mois, leur album, aujourd’hui distribué en France avec un titre en prime, est à la hauteur de ce single foudroyant : densité des rimes centrées sur la survie en enfer et justesse de ton alliant sensibilité hardcore et philosophie positive.
Bahamadia, rappeuse originaire de Philadelphie remarquée par Guru, vient de cette même école de la rue basée sur l’expérience. Kollage, son premier album mis en musique par Premier, Guru, The Roots et une poignée d’autres dinosaures de l’underground titille constamment l’attention par un bombardement de styles en zigzag. Peu de rappeuses ont réussi à faire preuve d’une telle versatilité sans jamais recourir aux artifices ou tomber dans le minaudage racoleur. Qu’elle déclare sa flamme (I confess), foudroie l’attitude des jeunes beautés écervelées (True honey buns), rende hommage à la clique de rappers de ses débuts (Uknowhowwedu) ou expose ses sentiments maternels (Biggest part of me), Bahamadia reste un modèle d’intelligence et de finesse.
Group Home Livin’ proof (FFRR/Barclay)
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