Lors de la rupture de Certain General, on sait que Parker Dulany était parti en emportant sa voix et le nom du groupe, Phil Gammage se contentant de ses guitares, déclassé d’office. Après l’intermède Corvairs, premier album à paraître sous son nom. Au milieu du disque, prenons la reprise du Strange fruit de Billie Holiday […]
Lors de la rupture de Certain General, on sait que Parker Dulany était parti en emportant sa voix et le nom du groupe, Phil Gammage se contentant de ses guitares, déclassé d’office. Après l’intermède Corvairs, premier album à paraître sous son nom. Au milieu du disque, prenons la reprise du Strange fruit de Billie Holiday et ses corps noirs pendus aux arbres sudistes. Quelques mois après la version a cappella de Yargo, douleur nègre, cette fois-ci colère rentrée et dévastation : sur chaque couplet, rythmique lourde et quelques accords égrenés ; entre les couplets et pour finir, grand élan de guitares à la Maximum G. Parce que des guitares, il y en a ici beaucoup, de toutes sortes, même si toutes jouées par Phil Gammage, sans exhibition ni effort mais avec force et plaisir. Restent une reprise de Hank Williams, triste sans ostentation, un traditionnel dynamique et dépressif, un instrumental feu de bois qui renvoie Martin Stephenson derrière la caisse de son salon de thé, et six chansons, de format classique, avec une façon de s’en démarquer qui ne tient ni de la pose moderne (Cowboy Junkies), ni du clin d’œil rétro (Washington Squares), mais du bel archaïsme (les chœurs). La voix, obéissant tranquillement à l’écriture des chansons, y retrouve alors naturellement les accents des pionniers. Vous trouverez peut-être là, à côté d’Alex Chilton, Willie Alexander ou Bruce Joyner, une recrue pour la petite troupe très américaine ? malgré l’arrivée récente de Ian Lowery ? des déclassés de la forme s’inventant inclassables.
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Archives n°25 (sept.90)
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