Cheval de bataille. Sparklehorse fait une entrée spectaculaire dans notre quotidien, bien calé à la lettre B : entre Beck et Big Star. A peine a-t-on appris à vivre au quotidien avec les chansons de Beck que, déjà, on lui découvre des frères, des sœurs et des cousins pour nous, une famille neuve, dont […]
Cheval de bataille. Sparklehorse fait une entrée spectaculaire dans notre quotidien, bien calé à la lettre B : entre Beck et Big Star.
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A peine a-t-on appris à vivre au quotidien avec les chansons de Beck que, déjà, on lui découvre des frères, des sœurs et des cousins pour nous, une famille neuve, dont on ne se lasse pas d’admirer la généalogie. Des cousins éloignés, également, anglais comme le formidable Baby Bird ou virginien, comme Mark Linkous, la tête très pensante de Sparklehorse. Sans doute le vieux garçon de la famille, avec ses chansons bien pliées, admirablement taillées, jamais sabotées. Comme chez Beck, il se sert allégrement dans l’héritage laissé par les anciens chez Sparklehorse : Big Star essentiellement , mais pas question ici de lui faire subir le moindre outrage. Artisan patient, Mark Linkous recolle, repeint et redonne bonne mine aux trésors trouvés dans le grenier, là où Beck se (nous) contente de les détruire, de les tordre, de les détourner. Trop de respect pour les antiquités américaines pour les repeindre en fluo ou leur scier les pieds. Sparklehorse est habile de ses doigts l’art du songwriting est ici époustouflant mais il lui manque parfois une voix à la hauteur des compositions. Dommage, car quand ce timbre hésitant réussit à rattraper les chansons, Vivadixiesubmarinetransmissionplot donne à cette pop pastorale quelques-unes de ses plus belles chansons récentes, capables sans problème de chercher des noises à Ron Sexsmith ou Trash Can Sinatras.
Mais on s’en rend compte à force de visiter encore et toujours cet album à la profondeur de champ étonnante : Mark Linkous est un faux sage. Il suffit d’un verre de trop, d’un coup de sang inattendu pour que ces chansons bonne pâte dérapent, irrémédiablement. Ça ne dure parfois que le temps d’un refrain, d’un coup de tonnerre, mais ça suffit à ne plus regarder ce banjo d’apparence benoîte du même œil, lui que l’on vient de voir baver et fumer quelques secondes avant. Petits éclats de bravoure où Sparklehorse joue à cache-cache dans les bois avec Crazy Horse (Tears on fresh fruit), petites fugues au grand air vite avortées par un besoin maladif d’intérieur et de chaleur. Après quoi, Sparklehorse rentre dorloter l’oreille avec des ballades le lou-reedien Sad & beautiful world, Heart of darkness, Saturday, Homecoming queen ou Cow déjà indispensables. Amoureux des belles causes perdues d’avance, on mise tout sur Sparklehorse, à une poignée de militants contre Seattle et le reste du monde. La chance des solitaires têtus, des romantiques incurables, tournera bien un jour.
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