Un ancien membre du Conseil constitutionnel a récemment défendu dans une tribune que les parlementaires étaient “insuffisamment rémunérés”. On n’imaginait pas qu’ils en étaient arrivés au point de devoir faire payer des visites à l’Assemblée nationale pour arrondir leurs fins de mois ! C’est pourtant le cas de Pascale Fontenel-Personne, députée LREM de la Sarthe. L’hebdomadaire […]
Pascale Fontenel-Personne, députée de la Sarthe, était PDG d’une société de voyages pour seniors qui propose notamment des visites de l’Assemblée pour 119 euros. Épinglée, elle dit avoir demandé à ce que « cesse toute activité en lien avec le Parlement ».
Un ancien membre du Conseil constitutionnel a récemment défendu dans une tribune que les parlementaires étaient « insuffisamment rémunérés ». On n’imaginait pas qu’ils en étaient arrivés au point de devoir faire payer des visites à l’Assemblée nationale pour arrondir leurs fins de mois ! C’est pourtant le cas de Pascale Fontenel-Personne, députée LREM de la Sarthe. L’hebdomadaire Marianne révèle en effet ce jeudi que cette élue macroniste est aussi PDG d’une entreprise de voyages touristiques (Access Tour Le Mans) qui propose des excursions au Palais Bourbon pour 119 euros, avec en prime un accueil assuré par la députée elle-même.
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Une pratique que le code de déontologie interdit
On trouve en effet dans la brochure de fin 2017 de cette agence deux visites à l’Assemblée nationale prévues les 12 octobre et 4 décembre. Et le document ne dissimule pas son enthousiasme à propos de la composition du Palais Bourbon :
« Haut lieu de la vie parlementaire, l’Assemblée Nationale fraîchement renouvelée vous ouvre ses portes ! Cette visite se fera en présence de notre Députée ! »
Certes, le règlement de l’Assemblée nationale prévoit bien la possibilité pour les députés d’organiser des visites. Mais en aucun cas elles ne sont facturées, ni ne rapportent quoi que ce soit aux députés. Le cas particulier de Pascale Fontenel-Personne est d’autant plus problématique que, selon le code de déontologie de l’Assemblée, les député(e)s « s’abstiennent d’utiliser les locaux ou les moyens de l’Assemblée nationale pour promouvoir des intérêts privés« .
L’entreprise doit cesser « toute activité en lien avec le Parlement »
La députée a répondu à cette accusation vendredi dans un communiqué où elle dit ne rien avoir à se reprocher. Elle affirme s’être mise en retrait de son entreprise dès son investiture, et que le tarif de 119 euros comprend le trajet Le Mans – Paris, le repas et des déplacements divers : « Il n’a jamais été question de faire payer l’entrée de l’Assemblée nationale ». Elle ajoute qu’aucune visite n’a eu lieu depuis son élection le 18 juin, et qu’elle a demandé à ce que son entreprise « cesse toute activité en lien avec le Parlement afin qu’aucune confusion ne soit possible ».
Mise au point pic.twitter.com/xwi4Xj88DP
— Pascale Fontenel-Personne (@f_personne) September 7, 2017
Il était temps. La déontologue de l’Assemblée a été saisie ce vendredi par François de Rugy. Pour Pascale Fontenel-Personne, dont c’est le premier mandat électif, le verdict tombera donc prochainement. Cette affaire illustre en tout cas parfaitement le drôle de mélange que peut parfois produire l’arrivée de la « culture d’entreprise » des élus macronistes à l’Assemblée.
J'ai saisi la déontologue de l'Assemblee nationale de la situation de Pascale Fontenel-Personne, que j'ai informée de cette décision.
— François de Rugy (@FdeRugy) September 8, 2017
« Si je peux je garderai ma responsabilité dans mon entreprise », disait-elle
Le profil de Pascale Fontenel-Personne est caractéristique. Lors de sa profession de foi dans le Maine Libre en mai 2017, elle expliquait ainsi :
« Si je suis élue, j’ai demandé la commission des affaires sociales, cela me tient à cœur. Et je ne veux pas me déconnecter de la réalité du terrain. Si je peux je garderai ma responsabilité dans mon entreprise ».
Aujourd’hui, cette citation semble un brin embarrassante pour cette députée qui a été par ailleurs membre du Medef, dont elle a présidé la « commission emploi formation insertion ». Elle affirmait d’ailleurs avant d’être élue avoir pris conscience du « cadre trop rigide » auquel sont soumises les entreprises aujourd’hui. Le cadre auquel sont soumis les parlementaires lui semble-t-il lui aussi trop rigide ?
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