Objet burlesque de cette fin d’année, un coffret en hommage à Galaxie 500, défunt trio de Boston au capital intact. La chose est arrivée par la poste et on a d’abord pensé à une bonne blague. Pensez-vous, un coffret Galaxie 500, avec réédition en grande pompe des trois albums du groupe agrémentés d’un quatrième disque […]
Objet burlesque de cette fin d’année, un coffret en hommage à Galaxie 500, défunt trio de Boston au capital intact.
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La chose est arrivée par la poste et on a d’abord pensé à une bonne blague. Pensez-vous, un coffret Galaxie 500, avec réédition en grande pompe des trois albums du groupe agrémentés d’un quatrième disque d’enregistrements rares et inédits, le tout dans une petite boîte bleue du plus bel effet. Pas possible. Forcément un canular, fomenté par quelque connaissance informée de notre penchant maladif pour le rock neurasthénique de Galaxie 500. Et pourquoi pas une intégrale Acetone, tant que vous y êtes, ou bien un album de reprises de Souled American ? Pourtant, on le jure, la chose existe vraiment. Belle anomalie dans le panorama salement commercial de cette fin d’année, ovni burlesque auquel on s’accrochera pourtant avec la ténacité fébrile de ceux qui se savent menacés d’asphyxie. Soyons clairs : dans le sinistre tableau de la production actuelle, il n’y a pas de place pour Galaxie 500, encore moins pour un hommage tardif à son art délicat. Mais c’est précisément parce que cette musique s’est toujours su condamnée qu’elle trouve, cinq ans après la dissolution du groupe américain, une résonance si plaisante et prenante. De 87 à 91, le trio de Boston n’aura jamais cédé à la moindre poussée d’ambition déplacée, s’entêtant à porter à son comble l’implosion la même idée maniaque : enfermer dans une pièce aux volets clos les fantômes du Lou Reed de Loaded et du Peter Hook de Ceremony soit la période la plus ténébreuse de New Order puis leur imposer l’écoute en boucle des moments les plus ascétiques de Pere Ubu et Captain Beefheart. Fascinant croisement qui aura donné vie à Today, On fire et This is our music, trois albums ramassés et obsessifs la production régulière du gourou new-yorkais Kramer n’y est pas étrangère , brillants exemples de ce que le rock peut offrir lorsqu’il cesse de se regarder le nombril et fonce tête baissée vers des territoires inexplorés. Depuis Galaxie 500, on cherche en vain un groupe capable de faire sonner des batteries aussi rudimentaires comme des tempêtes en mer, un chanteur capable de sacrifier sa voix comme l’admirable Dean Wareham, toujours prêt à se lancer dans des escalades vocales perdues d’avance. Et même si son parcours fut bref et frustrant le trio se séparant douloureusement, Wareham happé par les tentations mainstream de Luna pendant que Damon Krukoswski et Naomi Yang entraient plus profondément encore dans la résistance , Galaxie 500 laisse dans son sillage assez d’indices (un son unique, une attitude exemplaire, une écriture libre mais toujours rigoureuse) pour espérer figurer dans quelques livres d’histoire rock. Sûr qu’on en reparlera dans une dizaine d’années.
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