Aussi intemporel soit-il, on ne joue pas impunément Charlie Parker. Les nombreux musiciens qui se sont attaqués au répertoire de Bird se sont le plus souvent retrouvés le bec dans l’eau, certains en ont même perdu des plumes. Anthony Braxton, figure emblématique du free-jazz issue de l’AACM (Association for the Advancement of Creative Musicians), saxophoniste […]
Aussi intemporel soit-il, on ne joue pas impunément Charlie Parker. Les nombreux musiciens qui se sont attaqués au répertoire de Bird se sont le plus souvent retrouvés le bec dans l’eau, certains en ont même perdu des plumes. Anthony Braxton, figure emblématique du free-jazz issue de l’AACM (Association for the Advancement of Creative Musicians), saxophoniste protéiforme, s’acoquine ponctuellement avec l’une de ses influences (auparavant Lennie Tristano et Thelonious Monk). Il a choisi la formule du sextette à géométrie variable (duos, quartettes) pour ce projet Charlie Parker, vaste opération de dynamitage des compositions du maître qui sont atomisées, triturées et fidèlement maltraitées. En extrayant de l’œuvre parkérienne la substantifique moelle tout en la déjouant, l’entreprise de Braxton prend alors tout son sens. A l’heure où la nouvelle (arrière-)garde américaine du jazz se mortifie dans une relecture béate et méchante du be-bop aux relents de naphtaline, ce disque vient à point nommé lui couper le sifflet sur son propre terrain. A (j)ouïr d’urgence !
Anthony Braxton, Charlie Parker Project 1993 (Hat Art/Harmonia Mundi)
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