On ne devient pas mauvaise graine par hasard. Si Nick Cave avait cru bon de recruter le violoniste Warren Ellis, ex-Triffids, pour l’album et la tournée Let love in, c’est qu’il avait su voir en lui la beauté noire qui ouvre la porte des Bad Seeds. Ces mêmes qualités, on les retrouve aujourd’hui sur le […]
On ne devient pas mauvaise graine par hasard. Si Nick Cave avait cru bon de recruter le violoniste Warren Ellis, ex-Triffids, pour l’album et la tournée Let love in, c’est qu’il avait su voir en lui la beauté noire qui ouvre la porte des Bad Seeds. Ces mêmes qualités, on les retrouve aujourd’hui sur le premier album éponyme des Dirty Three, nouveau groupe d’Ellis. Un disque enregistré fin 93 dans l’urgence absolue et déjà rodé par une impressionnante série de premières parties. « Nous avons ouvert aussi bien pour Henry Rollins que Beck, les Beastie Boys ou John Cale. Quand on essuie les plâtres pour un artiste, on suscite souvent une haine féroce, toujours plus gratifiante que l’indifférence. » Singulière, la musique des Dirty Three se résume à l’essentiel : un violon, une guitare et une batterie. De chanteur, il na apparemment jamais été question. Qu’importe : son absence ne fait absolument pas défaut. « Trois est le bon nombre pour jouer : chacun doit être beaucoup plus attentif à ce que font les deux autres. Chaque instrument a un rôle bien précis dans notre formule, ce n’est pas comme si l’un de nous se contentait de faire de l’accompagnement. » Instrumentale, la musique du trio se garde bien d’être soporifique pour autant : les clairs-obscurs succèdent aux pleins feux, la douce déprime aux élans fougueux. Si certaines envolées lyriques évoquent les Tindersticks (Better go home) ou le Ry Cooder de Paris, Texas (Kim s dirt), le groupe maîtrise un ton et une texture parfaitement inédits. A la fois brute et raffinée, mélancolique et volontaire, la musique des Dirty Three se joue des contrastes comme de ses origines. Et repose la question : quel vent souffle, de Brisbane à Melbourne, pour inspirer à Nick Cave, à Chris Bailey et aux Dirty Three ce blues blanc et poisseux, distingué et loqueteux ?
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