Une rencontre entre jazz et musique de l’Ouest africain pour un album d’une intense beauté spirituelle. Où l’on célèbre la rencontre de deux musiciens vénérés, les retrouvailles pudiques et heureuses de deux parents séparés par les turpitudes de temps incertains. Hank Jones, gardien du temple be-bop, octogénaire d’une dynastie en jazz, joue un quatre-mains avec […]
Une rencontre entre jazz et musique de l’Ouest africain pour un album d’une intense beauté spirituelle.
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Où l’on célèbre la rencontre de deux musiciens vénérés, les retrouvailles pudiques et heureuses de deux parents séparés par les turpitudes de temps incertains. Hank Jones, gardien du temple be-bop, octogénaire d’une dynastie en jazz, joue un quatre-mains avec le quadra Cheik Tidiane Seck, joyeux dépositaire de la tradition mandingue que lui chantait sa mère, multi-instrumentiste biberonné à l’écoute des musiques populaires de l’Afrique sub-saharienne. L’héritier exemplaire de Tatum salue le clavier du Super Rail Bamako. Et qu’importe si le vieux monsieur a coutume de se présenter en costume strict tandis que son cadet préfère se vêtir tout en cuir, si l’un symbolise une idée reçue du classicisme et l’autre une icône par trop usuelle de l’Africain de service. Plus que la couleur de peau, ces deux-là ont en commun un langage qui transcende le verbe dire. La preuve, ils l’ont fait.
L’idée est née il y a un peu plus de deux ans. Un peu par hasard. Un gig en trio à La Villa, Cheik Tidiane écoute l’illustre Mr Jones réciter ses gammes. Lequel, à l’automne de sa vie, souhaite renouer avec ses racines. Parisien en galère depuis dix ans, Seck est l’homme de la situation : réunir des musiciens d’Afrique de l’Ouest pour accompagner le pianiste. Le tour est joué. Mieux, dans les salons d’un hôtel, « Hank m’a proposé de me mettre au piano. J’y ai transporté le jeu de kora. Et là, Hank m’a dit qu’il n’avait jamais rien entendu de tel ». Le Malien se voit confier les clés du projet. Hank Jones qui l’a bien compris retient les leçons. Finalement, ses délicates harmonies n’entrent que par les touches subtiles dans le répertoire mandingue, allusions qui s’avèrent un complément quintessentiel. Quitte à laisser filer la musique, la servir plus que s’en servir.
Sarala consacre avant tout sur l’autel de l’évidente simplicité la réconciliation entre vieux fantasmes des déracinés afro-américains, mélopées mandingues plus que centenaires et actualités nées de récentes indépendances, de nouvelles transhumances. Comme si les siècles et l’océan, l’oppression et la colonisation n’avaient rien effacé. Ni le sens même du phrasé, ni cet identique goût des couleurs, ni celui des figures de style emplies de sons. La mémoire ne fait défaut à aucun. Au terme de ce périple transmusical, l’un et l’autre ont appris à mieux se connaître, à mieux s’écouter. Là, les passés croisent sereinement le présent. Histoire de rejoindre l’éternité.
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