L’histoire d’un président qui voulait être plus normal que la normalité.
En cette rentrée politique qui, dit-on, aurait convaincu les Mayas de repousser 2012 en 2014, il paraît loin le temps où François Hollande théorisait le “Président normal” lors de la campagne présidentielle. Mais était-ce de toute façon vraiment la bonne formule ? Dans un passage peu cité de Merci pour ce moment, Valérie Trierweiler ne semble pas le penser, et donne sa version de la normalité hollandaise. Elle raconte qu’alors qu’elle est en train de conduire, seule, sans chauffeur, en femme indépendante, elle entend cette formule d’un psychanalyste à la radio :
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“L’introverti est totalement lisse, ne montre aucune émotion. Il veut être plus normal que la normalité. C’est une pathologie.” Je m’arrête pour noter la dernière phrase. Je suis sidérée tant cette description ressemble à François.”
Mieux que le “anormalement normal” qu’elle avait d’abord trouvé pour définir Hollande dans un portrait avant 2007, mieux que le “Normal 1er” d’Anne Roumanoff et le “plus stupide que la stupidité” des Casseurs Flowteurs réunis, voici la punchline définitive sur Hollande : un Président qui veut être plus normal que la normalité. Et qui a donc dû être particulièrement satisfait de l’absence de normalité de la normalité de sa rentrée.
– 24 août : Arnaud Montebourg et Benoît Hamon critiquent ouvertement la ligne économique du gouvernement Valls, d’un commun accord de la part d’Arnaud Montebourg.
– 25 août, 9h30 : le premier ministre remet la démission de son gouvernement et François Hollande et Manuel Valls en forment un nouveau d’un commun accord de la part de Manuel Valls.
– 25 août, midi : sur l’île de Sein, tel Calogéro featuring Passi, François Hollande s’exprime face à la pluie. Officiellement, le président normal aurait refusé d’être protégé pour “pour honorer la mémoire des résistants sénans qui ont combattu par tous les temps”. En coulisse on s’écharpe sur la responsabilité de cette énième image de t-shirt mouillé.
– 26 août : la composition du gouvernement est annoncée. En sont exclus Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, et de manière plus étonnante (malgré un tweet de soutien sur la fête de la rose de Frangy), Aurélie Filipetti.
– 26 août : une partie de la presse salue les promotions de jeunes ministres prometteurs (Fleur Pellerin, Najat Vallaud-Belkacem, Emmanuel Macron, Thomas Thévenoud).
– 27 août : pour rassurer Manuel Valls et l’aile droite de l’UMP, Emmanuel Macron se dit favorable à des dérogations aux 35 heures dans une interview réalisée la veille de sa nomination.
– De l’intérieur, voyage au pays de la désillusion de Cécile Duflot réalise ce qu’on croit être à ce moment un “départ en fanfare” (2800 exemplaires sur une semaine) car il contient ce qu’on croit être à ce moment une “attaque” contre François Hollande : “Faute d’avoir voulu être un président de gauche, il n’a jamais trouvé ni sa base sociale ni ses soutiens. A force d’avoir voulu être le président de tous, il n’a su être le président de personne”.
– 2 septembre : une journaliste de La Chaîne Parlementaire révèle qu’un ouvrage de Valérie Trierweiler préparé dans le plus grand secret s’apprête à sortir deux jours plus tard. Il s’intitule Merci pour ce moment, le titre le plus passif-agressif depuis Je vais bien, ne t’en fais pas avec Mélanie Laurent en 2006.
– 2 septembre : les renseignements généraux et l’équipe de François Hollande reçoivent un push AFP et essaient en vain de se procurer l’ouvrage.
– 3 septembre : Paris Match publie la bonnes feuille du livre de Valérie Trierweiler, où Hollande apparaît cynique et méprisant avec les pauvres, qu’il appellerait, selon l’auteure, les “sans dents”.
– 4 septembre : remaniement surprise du gouvernement. Thomas Thévenoud, secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, démissionne suite à des “problèmes de conformité avec les impôts”.
– 5 septembre 13h : en fait il ne payait pas ses impôts depuis trois ans.
– 5 septembre 14h : en fait il ne payait pas son loyer non plus.
– 5 septembre 15h : en fait il est atteint de “phobie administrative”. Une pétition est lancée en soutien à cette maladie orpheline.
– 5 septembre : le Président réagit pour la première fois au livre de son ex-compagne, depuis le sommet de l’OTAN à Newport : « La fonction présidentielle doit être respectée. Je n’accepterai jamais que puisse être mis en cause ce qui est l’engagement de toute ma vie ».
#NATO leaders watch the #flypast at #NATOSummitUK. Photo by @Ieuanb123. pic.twitter.com/6SZoidWTjJ
— NATO Wales 2014 (@NATOWales) 5 Septembre 2014
– 5 septembre : une photo du Président au même sommet de l’OTAN devient virale. Il y apparaît seul et à contre-courant, alors que c’est injuste, il ne s’agit que d’une seconde d’inattention volée.
VIDEO – François #Hollande seul au monde, au sommet de l’Otan > c’est notre image du jour http://t.co/PMuNuOrWuH pic.twitter.com/lgUcBNG5YJ
— itele (@itele) 4 Septembre 2014
– 5 septembre : une autre photo du Président au sommet de l’OTAN devient virale. Il y apparaît symboliquement seul et à contre-courant, alors que c’est injuste, il jouait juste à Flappy Bird. – 5 septembre : Merci pour ce moment est déjà en réimpression.
Quand les libraires se révoltent contre le livre de Trierweiler http://t.co/qzqYTTKT6d pic.twitter.com/6qTKfrWa5y
— Il était une pub (@Iletaitunepub) 11 Septembre 2014
– 6 septembre : alarmés par le fait que les gens se ruent sur Merci pour ce moment et non Balzac ou Soral, des libraires se rebellent contre le succès du livre de Valérie Trierweiler.
– 8 septembre 13h : Avec 145000 ventes en 4 jours, Merci pour ce moment réalise un départ digne de 50 Shades of Grey ou Harry Potter, confirmant l’intérêt des Français pour les baguettes magiques.
– 8 septembre, 14h : éclaircie. Delphine Batho annonce que son livre Insoumise, prévu pour le 15 octobre prochain, évoquera seulement “comment, au sommet de l’État, règne ouvertement la connivence avec les lobbys et les puissances financières que la gauche était supposée combattre ».
– 9 septembre : François Hollande n’a plus besoin d’ennemis, il est désormais défendu par Alain Finkielkraut, qui imagine ce qu’il dirait “S’il était François Hollande”: “je vous laisse, chers little big brothers et chères little big sisters. Amusez-vous bien. Vive la République ! (mais elle est morte et ce n’est pas un nouveau numéro qui la ressuscitera). Vive la France ! (mais cette patrie littéraire n’est plus qu’un vague souvenir). A bas les réseaux sociaux ! (mais cette hydre infernale a gagné la guerre)”.
– 10 septembre : en fait le départ d’Aurélie Filipetti n’était pas hyper énigmatique.
– 10 septembre : bouffée d’air frais, enfin un retour aux sujets de fond. Michel Sapin annonce que le déficit va augmenter et que la croissance sera plus faible que prévue initialement.
– 11 septembre, 8h : heureusement François Hollande n’est pas Alain Finkielkraut et choisit de répondre à Valérie Trierweiler sur les “sans dents” dans Le Nouvel Observateur : “C’est un mensonge qui me blesse”.
– 11 septembre, 14h : Kader Arif, ministre délégué aux Anciens combattants et réputé proche de Hollande, est soupçonné de favoritisme par le parquet de Toulouse dans l’attribution de marchés de la région Midi-Pyrénées.
– 11 septembre : la situation est telle que même Frédéric Lefebvre éprouve le besoin d’en appeler à la raison : “Respectons nos Présidents, nous les avons choisis”.
– 12 septembre : dans ce contexte d’”orages médiatiques” à répétition, l’ancien conseiller disgracié Aquilino Morelle parvient à éviter la surenchère au sujet de son éviction en avril dernier : «La logique qui est en œuvre est une logique de purification ethnique. C’est les Hutus contre les Tutsis”.
– 12 septembre : Merci pour ce moment est sans doute déjà en réimpression. L’éditeur réfléchit à un coffret collector avec photos et dentier pour les fêtes.
– 12 septembre : sur France Inter, Michel Onfray trouve l’argument imparable pour défendre François Hollande : Valérie Trierweiler est motivée par sa libido. Bien fait pour toi Valérie !
– 12 septembre : sur Radio Classique, Brigitte Bardot s’élève contre le traitement cruel et inhumain réservé à François Hollande : « C’est le seul président, aussi étonnant que cela puisse paraître, qui respecte les choses que je lui demande (…) il a envoyé Nicolas Hulot en Afrique à la suite de mon coup de téléphone sur les éléphants« .
– 13 septembre : les “frondeurs” ont de plus en plus d’amis, dont Jean-Luc Mélenchon, qui fait des messes basses avec eux à la fête de l’Huma.
– 14 septembre : Le vote de confiance de mardi devrait passer a priori, “avec de la force” selon Manuel Valls. Comprendre : super just. En attendant, une ligne suicide-écoute 24h/24 est installée dans le bureau du Président à l’Elysée.
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