Hors contrôle. Ces Américains savants résument cinquante albums pop et psychédéliques en un seul, foisonnant et maboul. Méfions-nous des quatuors qui embarquent depuis Athens, Géorgie, avec un gros volume de poésies ésotériques et un exemplaire du Fifth dimension des Byrds bien en vue dans les bagages. Seulement, ici, le disque pourrait s’intituler New adventures in […]
Hors contrôle. Ces Américains savants résument cinquante albums pop et psychédéliques en un seul, foisonnant et maboul.
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Méfions-nous des quatuors qui embarquent depuis Athens, Géorgie, avec un gros volume de poésies ésotériques et un exemplaire du Fifth dimension des Byrds bien en vue dans les bagages. Seulement, ici, le disque pourrait s’intituler New adventures in lo-fi puisque, nous indique-t-on, il fut enregistré durant trois ans sur un misérable 4-pistes, puis, comble du luxe petit-bourgeois, fut embelli sur un 8-pistes ! Dusk at cubist castle précédé de la mention Music from the unrealized film script fera pourtant passer toutes les œuvrettes à prétentions pop sorties ces jours-ci pour de gentils moignons, de pâles échantillons au regard du flot bouillonnant et incontrôlable qui se déverse ici. Débusqué une fois encore par la précieuse officine Flydaddy Cardinal, Richard Davies, Witch Hazel , The Olivia Tremor Control dispense l’acheteur de son premier album de l’acquisition d’au moins cinquante disques ordinaires : une aubaine pour les rentrées budgétaires difficiles et un beau bien qu’empoisonné cadeau de Noël avant l’heure. Dans la hotte sans fond de The Olivia Tremor Control, un empilement hétéroclite où l’héritage de trois décennies de psychédélisme tortueux, de pop incandescente et d’abstractions fumigènes est scrupuleusement inventorié. Soixante-quatorze minutes et des poussières d’étoiles pour un Magical mystery tour revisité façon Guide du routard, avec les meilleures adresses, tous les bons plans, le nectar des plus grands trips hallucinogènes jamais gravés sur une bande magnétique, de Liverpool à la côte californienne, de juin 67 à avril 68. Tout ça démarre plutôt modeste avec, dans l’ordre, un décrassage proto-Velvet, un premier avertissement instrumental sans conséquence et une mise en jambe bucolique, Jumping fences, étroitement encadrée par les surgés Beatles et Beach Boys. C’est ensuite que toutes les données se brouillent, lorsque Olivia Tremor finit par perdre le contrôle de sa machine à remonter le temps, corse ses compositions de quelques fluides interdits, multiplie les embardées avant de se laisser aspirer par un décor de spirales en abyme d’où l’on ne sera éjecté qu’au bout d’une incroyable odyssée. Au cœur de cette œuvre dantesque et inquantifiable, conçue comme une expérience sensorielle à combinaisons multiples, on pénètre notamment un tunnel qui va des plages 12 à 21 et qui, sous le titre générique Green typewriters, fait figure de serpent dans le fruit, de cauchemar lugubre au milieu des songes en Technicolor : un trou noir dû sans doute à l’abus des merveilleuses substances qui le précèdent et qui, légitimement, inquiète sur la santé mentale de ses responsables. Incomparablement plus riche, plus virtuose, plus abouti mélodiquement et en tous points plus inspiré que le dernier Boo Radleys, Dusk at cubist castle est le digne successeur que les Boo’s n’ont jamais su donner à Giant steps, si l’on s’en tient seulement à des parallèles récents. Mais on pourrait tout aussi bien ranger ce disque aux côtés de ceux du West Coast Pop Art Experimental Band, dont le fameux Transparent day trouve ici en Define a transparent dream l’écho jamais épuisé de son indicible grâce.
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