Autant l’avouer, on ignorait tout de Michael Hurley du temps de sa (modeste) notoriété. Compagnon de (dé)route des Holy Model Rounders de Peter Stampfel (c’est à un de leurs concerts que leur batteur d’une saison, Sam Shepard, tapa dans l’œil de Patti Smith). Auteur de chansons biscornues, Michael Hurley enregistre depuis 1964 des albums aussi […]
Autant l’avouer, on ignorait tout de Michael Hurley du temps de sa (modeste) notoriété. Compagnon de (dé)route des Holy Model Rounders de Peter Stampfel (c’est à un de leurs concerts que leur batteur d’une saison, Sam Shepard, tapa dans l’œil de Patti Smith). Auteur de chansons biscornues, Michael Hurley enregistre depuis 1964 des albums aussi totalement indénichables que révérés par les fouineurs impénitents. Pour tout simplifier, il a un faible pour les pseudonymes extravagants (Whiskey Willie, Dr Elvin Woods, Pervinol Alcohol et, la plupart du temps, Snock) si bien que son odyssée semble sortir en ligne très zigzagante du Vineland de Thomas Pynchon, sans doute le roman le plus tarabiscoté et curieusement élégiaque que les retombées bouffonnes de l’acid-power aient inspiré. Hurley est né à l’ouest de la Pennsylvanie, où vampire (The Revenant) et loup-garou (The Werewolf) vaquent à leurs néfastes besognes avec un étonnant naturel. A l’heure où sortent les chauves-souris, les histoires contées par Hurley filent à la lisière du quotidien et du fantastique, comme une roue légèrement voilée qui, à chaque tour, hésiterait entre les deux. Inquiétante incertitude, accentuée par la beauté embuée, la poésie pluvieuse et les harmonies liquides de The Portland water ou Eyes, chansons fluides et fuyantes placées en ouverture de ce nouveau Wolf ways. Cossard comme une couleuvre et tout aussi insaisissable, Hurley pousse la tyrolienne montagnarde sans se départir d’une nonchalance de vieux sage des alpages (The Werewolf) et chante le blues avec une leste insolence (Ditty boy twang). Impossible pourtant de le réduire à l’un ou à l’autre de ces genres vénérables, pas plus qu’à la country, même si Somebody to say bye bye to en respecte à la lettre les canons. Le bestiaire de Michael Hurley (sirènes dans Moon song, dragon crachant le feu dans I paint a design) vient des contes moyenâgeux, sa voix vieillie en fût de chêne est celle d’un troubadour sur le retour, ses vieux instruments (violon, violoncelle, banjo, pedal-steel et trombone) ont des mimiques éloquentes : la pantomime n’est jamais très loin dans ces chansons élastiques, où superstition candide et gaminerie complice s’entendent comme larrons en foire pour faire tourner en bourrique le respectable folklore américain.
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