Le compositeur de la Nouvelle Vague Antoine Duhamel est mort
Antoine Duhamel était le fils de deux célébrités de leur époque : l’écrivain Georges Duhamel (Le clan des Pasquier) et l’actrice de théâtre Blanche Albane, qu’adulaient notamment Gide ou Cocteau. Ils s’étaient rencontré alors que Blanche faisait partie de la troupe d’André Antoine à l’Odéon (elle jouera aussi avec Copeau au théâtre du Vieux-Colombier), et ils eurent trois fils ensemble, dont le benjamin était Antoine.
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Si Georges Duhamel ne connaissait pas la musique, il l’aimait beaucoup et imposa son apprentissage à ses trois fils. Seul Antoine en fit son métier. Jeune homme curieux, il apprend la composition avec Olivier Messiaen et René Leibowitz tout en menant en parallèle des études de psychologie et de musicologie à la Sorbonne. Son œuvre symphonique et opératique, ses compositions religieuses sont importantes et pléthoriques.
Le compositeur de la nouvelle vague
Mais il restera pour ceux qui aiment le cinéma comme le compositeur des musiques de quelques-unes des œuvres majeures de la Nouvelle Vague : Baisers volés, Domicile conjugal, La Sirène du Mississippi et L’enfant sauvage de François Truffaut ; Pierrot le fou, Made in USA et Week-end de Jean-Luc Godard. Il travailla aussi à de nombreuses reprises avec Alexandre Astruc et Jean-Daniel Pollet. Pour la télévision, il écrivit la musique de la série Belphégor de Claude Barma (1965), dont le générique reste dans le souvenir de tous les téléspectateurs de l’époque (et donna lieu en 2000 à un sample pour un tube du Wu-Tang Clan, Gravel Pit). Il composa aussi plus tard pour Bertrand Tavernier et Patrice Leconte. En tout, il écrivit près de 100 partitions pour le 7e art.
Avec sa grande barbe hirsute et ses grosses lunettes qui lui donnaient l’air d’un vieux professeur excentrique, Antoine Duhamel apparut parfois à la télévision. Modeste mais jamais amer (il savait parfaitement qu’il était le « deuxième » compositeur de la Nouvelle vague, tout juste derrière Georges Delerue dont l’hymne restera à jamais la musique du Mépris…), il se souvenait davantage de ses échecs et de ses disputes avec Truffaut ou Godard que de ses magnifiques compositions, notamment celles pour la Sirène ou Pierrot et de ces ponctuations musicales si caractéristiques de son style. Musicien d’obédience contemporaine, Duhamel sut toujours s’adapter, sans compromission, sans mépris, aux exigences de ses réalisateurs et du langage cinématographique. Mais il était moins mélodiste que Delerue.
Des jeunes cinéastes, notamment américains, lui vouent aujourd’hui un véritable culte. Noah Baumbach (dans Frances Ha) ou Wes Anderson ont plusieurs fois utilisé dans leurs films des extraits de ses compositions pour le cinéma. Dans le tout dernier film de Noah Baumbach, While We’re Young, on entend le célèbre concerto pour mandoline de Vivaldi. Mais dans la version que Duhamel avait dirigée pour La mariée était en noir de Truffaut…
Jean-Baptiste Morain
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