A l’approche de la journée des Droits des femmes (dimanche 8 mars), l’association SOS-Homophobie publie la première enquête d’envergure sur « la visibilité des lesbiennes et la lesbophobie » en France.
A l’image de cette première enquête nationale d’envergure menée par SOS-Homophobie sur « la visibilité des lesbiennes et la lesbophobie », commençons par le commencement, à savoir leur définition de la lesbophobie:
« Une forme de stigmatisation sociale à l’égard des lesbiennes ou des femmes considérées comme telles. Elle se traduit par des préjugés négatifs comme « Les lesbiennes sont des camionneuses », « Entre femmes, ce n’est pas vraiment du sexe », des agressions verbales telles que des insultes, menaces, moqueries, des agressions physiques (coups, blessures, viols, meurtres…) et de la violence psychologique. Elle se manifeste aussi par des discriminations (refus de services, de RTT…) et ce, dans tous les domaines de la vie: espace public, famille, ami-e-s, travail, voisinage, santé… «
Sur les 7 126 femmes, majoritairement âgées de moins de 30 ans, qui ont répondu au questionnaire de SOS-Homophobie entre avril et juillet 2013, 59% ont déclaré avoir vécu au moins un acte de lesbophobie au cours des deux dernières années. Parmi elles, 47% disent l’avoir vécu dans l’espace public, 14% au sein du cercle familial, 11% au travail, 8% en milieu scolaire, 6% par les ami(e)s proches et l’entourage, 3% sur Internet et 3% par le voisinage. 68% d’entre elles ont estimé que ces actes lesbophobes avaient eu des conséquences (63% d’ordre psychologique, 30% d’ordre pratique et 10% d’ordre physique).
Dans les lieux publics, les agresseurs sont majoritairement des hommes, en groupe, inconnus des agressées, et le plus souvent âgés de 18 à 35 ans. Le rapport note que « les mots colère, méfiance, tristesse ou encore malaise reviennent souvent dans les commentaires » des victimes de lesbophobie, et cite quelques extraits de témoignages:
« Il nous a dit que cela serait normal que nous mourions, que nous le méritions. Cela m’a profondément choquée et mise dans une colère noire » ; « Je suis vraiment en colère de ne pas pouvoir me balader en paix avec ma partenaire. » ; « Cela a fortement augmenté mon agressivité et ma méfiance envers certains hommes, je suis trop attentive à tout ça “au cas où” » ; « Un sentiment d’injustice s’est fortement développé à la suite de ça, ainsi qu’une colère profonde. » ; « Un sentiment de colère et de tristesse m’a fait prendre conscience de l’homophobie. »
18% ne manifestent jamais d’affection à leur partenaire en public
Ces résultats alarmants concernant les actes lesbophobes perpétrés, verbalement ou physiquement, encore aujourd’hui en France ont des conséquences directes sur la visibilité des lesbiennes, comme le note l’enquête:
« Le risque d’être discriminée est plus grand quand on est visible. Les lesbiennes adoptent des stratégies pour contrer les réactions hostiles. »
Ainsi, 18% des répondantes ont assuré ne jamais manifester d’affection à leur partenaire en public, démontrant la pérennité du triste adage « vivons heureux/ses, vivons caché(e)s ». Pour plus de la moitié des lesbiennes interrogées, le contexte dans lequel elles se trouvent va déterminer leur comportement vis-à-vis de leur partenaire (si elles l’embrassent ou non, lui tiennent la main ou non). Pour 63% d’entre elles, cette attitude s’explique par la peur des réactions hostiles.
Interrogée par Libération, Tania Lejbowicz, co-référente de l’enquête, conclut: « Cela signifie qu’on n’accepte toujours pas la différence. Il faut que les lesbiennes sortent de cette invisibilité. Les pouvoirs publics doivent se donner les moyens judiciaires, financiers et humains pour mettre fin à ces inégalités et violences vécues.»