A la frontière de l’insanité et de la maturité, album pop et fantastique : ainsi adore-t-on Julian Cope. C’est nouveau et il faudra peut-être s’y habituer : pas question de juger Twenty mothers selon des barèmes psychiatriques, de convoquer à la rescousse les frasques de Julian Cope pour expliquer tel ou tel dérapage absolument pas […]
A la frontière de l’insanité et de la maturité, album pop et fantastique : ainsi adore-t-on Julian Cope.
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C’est nouveau et il faudra peut-être s’y habituer : pas question de juger Twenty mothers selon des barèmes psychiatriques, de convoquer à la rescousse les frasques de Julian Cope pour expliquer tel ou tel dérapage absolument pas contrôlé. Pour la première fois depuis plus de dix ans, on se limitera aux chansons, l’œil inquiet, toujours certain qu’un vilain coup se trame derrière son innocence sereine, que tout ne peut pas ainsi rentrer dans l’ordre après ces égarements-là. Car depuis son premier album solo de I983 -l’excellent World shut your mouth-, on avait connu deux Julian Cope. L’un recroquevillé dans sa terreur, surveillé par Syd Barrett et Roky Erickson, tremblant des chansons illuminées sur une guitare qui n’en mène pas large. C’est ainsi qu’on le préférait, capable du meilleur le fascinant Fried ou même son Autogeddon de l’an passé ? comme d’humiliation et d’incontinence. L’autre Julian Cope était beaucoup moins passionnant et finalement tout aussi inquiétant : parlant trop de sa forme physique pour être remis de ses terrifiantes dépressions, il alignait des albums lisses- Saint Julian ou My nation underground – comme on aligne maladroitement les bontés et bassesses pour accélérer sa libération pour bonne conduite. En soignant les biceps, Julian Cope pensait soigner le cerveau : parle à mes muscles, ma tête est malade. Les deux ne s’étaient que très rarement parlé – Sur Jehovah kill, une tête malade dirigeait un corps trop sain et, franchement, on aurait tout fait pour servir de médiateur quand on entendait ici et là les étincelles que pouvaient provoquer telles rencontres. Le crâne bien peigné pour dissimuler tant bien que mal un cerveau en pleine ébullition, ainsi se présente le nouveau Julian Cope, idéal sur les deux fronts. Car si des jolies ses comme Cryingbabiessleeplessnights ou le magnifique I wandered lonely as a cloud cajolent et rassurent, l’homme conserve un goût salvateur pour la loufoquerie et le psychédélisme enfantin. Fréquentable et parfaitement présentable, Twenty mothers ne ressemble pourtant jamais à une conversation adulte, pondérée et rasante, Julian Cope sortant un nez rouge en plein dîner de famille (Queen/Mother, I’m your daddy), truffant d’acides le gigot dominical (Just like Pooh hear, du New Order de maternelle ou le consternant Leli B, du Ennio Morricone tombé sur la tête) et s’énervant en javanais avec sa belle-mère effarée (les foutracs By the light of the Sillbury moon ou Greenhead detector-et son refrain « Fuck, fuck, fuck you », charmant).
Et ainsi va ce succulent album, résolument pop et pourtant toujours prêt à sauter allègrement les barrières trop sages du genre, suivant une confortable ligne droite mais en continuels zigzags.
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