Suzanne Vega, agréable chanteuse folk un peu coincée pour trentenaires usés ? Soyons sérieux. On pourra toujours chercher artiste plus droite, plus probe, plus appliquée que Suzanne Vega. On pourra chercher mais on ne trouvera pas. A croire que la New-Yorkaise est tombée dans une grande marmite de vertu lorsqu’elle était toute petite. A se […]
Suzanne Vega, agréable chanteuse folk un peu coincée pour trentenaires usés ? Soyons sérieux.
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On pourra toujours chercher artiste plus droite, plus probe, plus appliquée que Suzanne Vega. On pourra chercher mais on ne trouvera pas. A croire que la New-Yorkaise est tombée dans une grande marmite de vertu lorsqu’elle était toute petite. A se persuader que la vie et le parcours d’un artiste moderne peuvent aussi être fluides et lumineux, à l’abri des doutes, des pressions, des compromissions. Depuis l’apparition de Suzanne Vega sur la scène folk de Greenwich Village, c’est une même évidence tranquille qui tire les ficelles de son destin d’artiste : douze années d’une maturation mesurée, progressive, refusant l’ennui et les redites tout en évitant habilement les pièges de l’écriture démagogique. Soyons clairs : en mettant un peu d’eau dans son vin, un peu de cuir dans sa garde-robe et quelques solos de guitare
dans ses chansons, l’Américaine aurait pu facilement s’imposer en Alanis Morissette des eighties méchant cauchemar à nouveau crucifié par Nine objects of desire, son dernier pied de nez aux conventions musicales. Trois ans et un bébé (Ruby, fille de son producteur de mari Mitchell Froom) après les premières expériences entreprises sur 99° F, Vega verse à nouveau dans le versatile et le paradoxal : pas du tout classique, cette manière d’écrire des petites chansons sages et tranquilles pour ensuite les vêtir comme d’espiègles libertines. Pas banale, surtout, cette façon de mêler les histoires les plus ouvertement troublantes amours perdues, retrouvées, toujours difficiles à toute une série de mélodies à la facilité mensongère. Dans ce monde de faux-semblants, où l’on peine parfois à identifier les acteurs est-ce une guitare ? est-ce un clavier ? , ne reste plus comme repère immuable, comme phare dans la nuit, que la voix de plus en plus chaude et ardente de la New-Yorkaise, cette laborantine brillante et zélée qui se planque derrière une frange trop sage pour être honnête. On pourrait très facilement glisser sur ces Neuf objets du désir sans en mesurer l’enivrante sensualité de même qu’on pourrait parfaitement passer à côté de l’œuvre intégrale de Suzanne Vega. Ce serait se priver du plaisir unique de replonger inlassablement dans une musique décidément très voisine de l’œuvre lente et délavée d’Edward Hopper : des lignes droites, insoupçonnables, et des couleurs simples, au repos. Mais aussi des ombres, des absences, des vides. Et tout un monde extraordinaire à décrypter.
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