Will Butler, membre d’Arcade Fire, s’est lancé le défi d’un marathon d’une semaine pendant laquelle il a écrit une chanson par jour sur l’actualité. Depuis la crise grecque jusqu’aux destructions de Daech.
L’idée lui est venue en apprenant que Bob Dylan s’inspirait parfois de titres de journaux pour composer (The Lonesome Death of Hattie Carroll, par exemple). Will Butler, membre multi-instrumentiste d’Arcade Fire, en ce moment en promo pour son premier album solo – Policy, qui sortira le 10 mars – a fait le pari, la semaine dernière, d’écrire une chanson par jour pour évoquer l’actualité. Le titre en question était ensuite mis en ligne chaque soir sur le site du Guardian avec un court texte rédigé par le musicien. En introduction, il expliquait sa fascination pour une actualité qui peut se montrer aussi sordide que poétique.
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« Le procès de Dominique Strauss-Kahn par exemple, bon Dieu, c’est l’histoire la plus improbable du monde, mais c’est intéressant. Ou tu pourrais lire un article scientifique et te dire ‘l’univers est bien plus grand que ce que je pensais.’ C’est quelque chose de vraiment beau. »
Par cinq fois, il a donc fait l’expérience d’écrire sous la contrainte de faire de l’actualité sa muse, en suivant la frénésie du rythme de l’information. Le tout réalisé bien sûr en toute subjectivité.
The setup for this week @guardian pic.twitter.com/9KZV2gbYJz
— Will Butler (@butlerwills) 26 Février 2015
Lundi 23/2 : Clean Monday, la Grèce se serre la ceinture pendant le Carême
Will Butler a tenu en ce premier jour de la semaine, à annoncer son soutien à la Grèce et au parti Syriza. Il déplore la situation dramatique dans laquelle se trouve le pays, mais réussit à y trouver un peu d’absurdité : Clean Monday s’amuse d’une drôle de coïncidence qui a eu lieu lundi dernier, alors que les ministres grecs établissaient la liste des réformes à effectuer pour continuer de bénéficier de l’aide européenne.
« Un petit texte est apparu expliquant que les marchés grecs étaient fermés aujourd’hui parce que c’était le « Clean monday » – l’équivalent grec orthodoxe du mercredi des Cendres (premier jour du Carême – ndlr). A mes yeux, c’était une coïncidence improbable de voir les ministres grecs s’agiter dans tous les sens pour éviter l’austérité, le jour même où le Carême (synonyme de jeûne et d’abstinence – dnlr) commençait ».
Mardi 24/2 : Waving Flag, le double visage du nationalisme
Waving Flag parle de deux facettes d’une même médaille, celle du nationalisme. Côté face, l’espoir, avec le rapatriement du corps du nationaliste Moses Kotane en Afrique du Sud. Il avait été secrétaire général du parti communiste sud-africain jusqu’à sa mort en 1978 et s’était battu contre la politique d’apartheid. Côté pile, l’inquiétude face aux séparatistes ukrainiens de Donetsk.
« C’est une chanson sur le nationalisme qui peut être à la fois violent et rétrograde, ou bien qui peut tendre la main aux plus faibles. Et puis il y a moi, à des milliers de kilomètres de là, aux Etats Unis, qui regarde tout ça de loin ».
Mercredi 25/2 : You Must Be Kidding, le (trop) beau temps avant la pluie à Sao Paolo
Pour ce troisième titre, Will Butler a décidé de chanter sur un phénomène qui dure depuis un an : la pénurie d’eau à laquelle fait face la ville brésilienne Sao Paolo. Ironie du sort : le lendemain de cette danse de la pluie, la ville a été surprise par un violent orage, des pluies torrentielles qui ont inondé plusieurs quartiers et fait un mort. Le titre You must Be Kidding, que l’on peut traduire par « j’espère que tu plaisantes », est donc de (tragique) circonstance.
Jeudi 26/2 : Madonna Can’t Save Me Now, quand Kanye West et Taylor Swift sont éclipsés par un trou noir
Pour l’unique fois de la semaine, Will Butler a voulu planifier sa chanson du jour : le titre de jeudi devait être une chanson sur les Brit Awards, il y parlerait des prestations de Sam Smith et Taylor Swift et avait même déjà écrit quelques couplets. Mais une histoire attire son attention : des scientifiques ont découvert un trou noir douze milliards de fois plus gros que le soleil. Ca le touche, Will, et il décide de faire marche arrière pour réécrire une chanson. Des Brit Awards, il ne reste que le nom, Madonna Can’t Save Me Now. Il ponctue le titre d’une reflexion métaphysique, où on sent la fatigue poindre :
« Je ne crains pas que l’on finisse au fond d’un trou noir. Mais je suis terrifié par l’idée que l’art n’a que 50 000 ans et que rien ni personne ne compte. Jk lol. Bwahahahahaha. »
Vendredi 27/2 : By the Water of Babylon, la peine suite aux destructions d’oeuvres par Daech
Les images nous ont donnés à tous des hauts-le-coeur : celle de djihadistes de Daech détruisant des statues à Mossoul en Irak. La vidéo a bouleversé le musicien, lui inspirant la chanson la plus grave de cette semaine.
« Les mots de la chanson d’aujourd’hui sont tirés du Psaume 137. C’est une chanson faite de peine et de rage, des mots qui sortent de la bouche d’un réfugié dont la ville a été détruite. […] Je ne peux imaginer la peine et la rage des gens dont les terres ont été détruites par l’Etat Islamique, dont la famille et les amis ont été tués, dont la culture a été détruite. »
Triste semaine. Pour la peine, on vous met le clip de Will Butler, Anna, qui donne envie de frétiller histoire de bien commencer ce mois de mars.
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