En visite à Paris cette semaine, Brian Chesky, cofondateur et président d’Air Bnb, a réussi son opération séduction en France. Sans coup d’éclat marketing, il continue a entretenir son aura du « mec d’à côté », sans domicile fixe et qui prêche en faveur d’une économie alternative. Récit de la succes story d’un hippiester comme les autres.
C’est l’histoire d’un enfant de la classe moyenne new-yorkaise, qui est devenu milliardaire grâce a ses grands idéaux. Génie du storytelling ou utopiste sincère, mais qui est donc Brian Chesky ? Le premier adjoint au maire de Paris, Bruno Juillard, et les entrepreneurs qui ont eu l’occasion de le rencontrer jeudi, semblent en tous cas convaincus de sa bonne foi. Et en lisant ses voeux de 2014, on serait tenté de se laisser convaincre aussi.
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Brian Chesky ne se considère pas seulement comme un simple entrepreneur. Le trentenaire, fondateur du désormais célèbre Air BnB (avec deux acolytes), se veut ambassadeur d’un retour aux sources, où chaque voyage est « une poursuite du bonheur » basé sur les rencontres. Extrait :
« Vous voyez, chez vous, c’est partout où vous vous sentez bien. […] Désormais, vous avez les clefs pour accéder à ce nouveau monde […] où derrière chaque porte se cache un hôte qui vous traite comme un membre de sa famille. Où l’économie n’est pas artificielle et basée sur la production de masse par des machines. Nous existons grâce aux gens, grâce à un monde d’entrepreneurs qui construisent une nouvelle économie autour du partage. […] Les voyages redeviennent enfin des aventures, et c’est parti pour durer. »
Trois hommes et un matelas
Un jour de 2008, à San Fransisco, Brian, fils de travailleurs sociaux, diplômé d’une école de design, et son colocataire et ami, Joe Gebbia, décident d’installer trois matelas gonflables dans leur appartement, et de les mettre à disposition d’inconnus moyennant quelques dollars. Ils trouvent rapidement preneurs, bidouillent un site, et récidivent. Galvanisés par leurs premières expériences et sûrs de leur concept, ils recrutent un webmaster et créent une vraie plateforme sur le Web. Air Bed and Breakfast est né. Mais ils ne comptent pas s’arrêter là, ils veulent se faire connaître.
Après des mois de galères et d’investissement à perte, ils comblent leurs 30 000 dollars de déficit en vendant des boîtes de céréales à l’effigie de caricatures de Barack Obama et de John McCain. Une idée simple et efficace qui va impressionner Paul Graham, l’investisseur qui leur avait jusqu’alors refusé l’accès à son fameux incubateur de talents dans la Silicon Valley : « Si vous pouvez convaincre des gens de payer 40 dollars pour un paquet de céréales, sans doute pouvez-vous les convaincre de payer pour dormir sur le matelas pneumatique de quelqu’un ». Un business angel et une centaine d’adeptes, il n’en fallait pas plus : la machine est lancée.
La croissance que rien n’arrête
Les trois compères bichonnent leurs premiers clients. Ils vont frapper à chaque porte, armés de leurs appareils photos. Ils misent tout sur le contact. Deux ans plus tard, Brian Chesky décide de devenir un utilisateur quasi-permanent du site : « En gros je n’ai pas vraiment de domicile fixe » s’amuse-t-il a répéter à qui veut l’entendre. Lui et son associé ont gardé leur vieil appartement où tout a commencé. La légende dit qu’il est encore possible aujourd’hui de dormir sur les matelas gonflables installés il y a sept ans.
Aujourd’hui, leur plateforme communautaire a déjà permis à 30 millions de personnes d’être logées chez des particuliers partout dans le monde, et pèse désormais 13 milliards de dollars. Au fur et à mesure qu’Air Bnb s’agrandit, de nouveaux bureaux apparaissent, des espaces lumineux et conceptuels, à l’image de l’esprit de la marque.
.@bchesky beyond inspired after spending the day @airbnb Portland office. Possibly the coolest office I’ve ever seen! pic.twitter.com/mnWYDTJZ8P
— Jenny Haeg (@sftechbroker) January 27, 2015
Le nouveau rêve américain
Brian et son partenaire utilisent leur talent de designers pour créer des espaces de travail ou leurs employés se sentent bien. Ils parlent « d’amour plutôt que de croissance« . Ils deviennent les premières personnes au monde a devenir milliardaires grâce à la consommation collaborative. « Nous faisons partie de l’ère de l’économie de partage, qui succède à celle de la production de masse« , explique Chesky. Le succès de son business model lui confère une autorité que plus personne ne nie. Fortune magazine l’a placé Chesky en tête de son classement des 40 businessmen de moins de quarante ans les plus influents au monde. Il est donc devant Mark Zuckerberg et ex-aequo avec Travis Kalanick, le créateur d’Uber. « Ils représentent tous les deux le conflit actuel entre le grand potentiel de l’économie du net et les régulations du vieux système. […] la seule différence entre Kalanick et Chesky, c’est que ce dernier est plus diplomate » explique le journal. Et pour cause, en plus de se vouloir un idéaliste proche de ses utilisateurs, le jeune entrepreneur a su négocier tous les virages. Une à une, les grandes villes américaines, puis européennes, cèdent à la « Air BnB mania », en trouvant des compromis commerciaux et légaux. A New York, la pétition lancée par une hôte pour rejeter la décision du procureur général d’empêcher le partage d’appartements a recueilli plus de 200 000 signatures. « Nous tâchons de faire beaucoup d’autorégulation » promet Brian Chesky à ceux qui pointent les effets néfastes de son site. Paris, demeure la première destination au monde du site avec 40 000 logements mis à disposition : « leur offre est complémentaire de celle des hôteliers traditionnels » assure le premier adjoint au maire, Bruno Juillard. Prochaine étape pour Brian Chesky ? Cuba. Avec 192 pays déjà convertis, Air Bnb sera bientôt implanté partout.
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