Est-il bien raisonnable d’aimer Paul Heaton ? En studio, c’est un génie, capable de donner à n’importe quelle musique, même faiblarde, une dimension lumineuse. Imbattable. Mais à la ville, c’est un triste pantin, dérouté par ce rôle de pop-star qu’il refuse d’assumer, lui préférant le costume plus facile d’alcoolique arrogant. I’m shaking hands with people […]
Est-il bien raisonnable d’aimer Paul Heaton ?
En studio, c’est un génie, capable de donner à n’importe quelle musique, même faiblarde, une dimension lumineuse. Imbattable. Mais à la ville, c’est un triste pantin, dérouté par ce rôle de pop-star qu’il refuse d’assumer, lui préférant le costume plus facile d’alcoolique arrogant. I’m shaking hands with people that previously I d shoot . De même qu’il existe deux Paul Heaton, il faut accepter aujourd’hui l’idée de deux Beautiful South. Le premier est une réminiscence luxueuse d’un des plus beaux groupes des années 80, les extraordinaires Housemartins, anticonformistes absolus. Ce Beautiful South-là, celui du Heaton des bons jours, écrit des merveilles de chansons aux textes miraculeux, comme Tonight I fancy myself, Let love speak up itself, ou I think the answer is yes. L’autre Beautiful South, celui où le Heaton des mauvais jours se fout de tout, à commencer par la qualité de son groupe et les réelles capacités vocales de son bourrin de copain Hemingway, se charge de ramener l’auditeur au ras des pâquerettes. On ne lui épargne ni les violons gnangnan, ni la section de cuivres famélique du thé dansant de Robert Quibel sur A little time, le slow attrape-couillons qui doit lancer l’album. Pour l’achever, quoi de mieux que la voix railleuse et aguichante d’une grosse rouquine sexy ?
Une gonzesse, ça fait vendre, non ? Encore faudrait-il que le cocktail soit réussi, et franchement La seule bonne nouvelle de Choke, c’est que Heaton semble prendre ses distances avec cette médiocrité ambiante, s’abstenant d’attribuer sa divine contribution en plusieurs occasions, comme s’il prenait soudain conscience du marécage dans lequel il se trouve aujourd’hui embourbé. La solitude pourrait bien être sa seule issue. A four-pack in the fridge, a good book on the shelf, I think tonight I d rather love myself.? Vivement l’album solo.
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Archives du n°26 ( nov/ déc 90)
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