Le collectif Osez le féminisme! a organisé jeudi soir un happening dans le métro parisien pour sensibiliser les voyageurs aux agressions de femmes dans les transports. Retour sur un phénomène difficile à endiguer.
De Châtelet à Saint-Lazare, elles ont fait entendre leurs voix et leurs droits. Les militantes d’Osez le Féminisme! (OLF) ont parcouru hier soir les rames du métro parisien lors d’un happening. L’objectif ? Sensibiliser les passagers aux agressions sexistes croissantes dans les transports français, tout en distribuant des tracts de prévention. Le cri de guerre de leur campagne ? « Take Back The Metro« . En substance : « Rendez-nous notre métro ».
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Ce happening survient deux semaines après le viol d’une femme de 22 ans dans le RER entre Paris et Melun, sous le regard de plusieurs témoins, passifs. Alors qu’elle venait de s’installer sur une banquette, un homme s’est allongé sur elle avant de la violer. Comme le relate Le Parisien, plusieurs passagers se trouvaient alors dans le même compartiment mais personne n’est intervenu. Ce lundi, une nouvelle agression sexuelle a été recensée en gare d’Ermont-Eubonne (Val-d’Oise) sur une mineure âgée de 17 ans. En avril 2014, une femme avait aussi été agressée devant des témoins dans le métro de Lille. Et là encore, personne n’avait réagi.
94 % des femmes ont déjà vécu des violences sexistes
De nombreuses agressions sexuelles ont lieu chaque semaine sans qu’elles soient rapportées à la police. Les chiffres présentés dans la dernière campagne de Osez le féminisme ! cet automne sont édifiants. En 2014, 94 % des femmes ont déjà été victimes de violences sexistes dans les transports ; 92 % des femmes en ont également été témoins. L’enquête englobe tout type d’agression : harcèlement, exhibitionnisme, masturbation, insultes, regards déplacés, sifflements ou être suivi(e) – les trois dernières sont les plus répandues. Face à l’ampleur du phénomène, 3 femmes sur 4 adaptent leur tenue ou comportement en fonction du métro. Enfin, les femmes interrogées évaluent leur sentiment de sécurité à 5,9 sur 10.
En octobre 2014, Paris arrivait à la 11e place parmi les villes du monde où les femmes ne se sentent pas en sécurité dans les transports publics, d’après une étude de Thomson Reuters. Selon ces chiffres, 85 % des Parisiennes sont persuadées que leur éventuelle agression se ferait dans l’indifférence générale, contre 65 % des femmes en moyenne.
Quelles solutions pour 2015 ?
Aujourd’hui, très peu de femmes peuvent encore emprunter les transports en paix, seules, sans la crainte sous-jacente d’une quelconque agression masculine – aussi « minime » soit-elle ; d’aucunes s’y adaptent en prévoyant d’éventuelles attaques.
Cet automne, un court métrage réalisé par Isabelle Quintard et Fabien Motte pour le dernier festival Nikon avait marqué les esprits en dénonçant l’insécurité ferroviaire et la non-assistance à personne en danger.
Pour lutter contre ce fléau, Le gouvernement vient de demander au Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes d’examiner la question du « harcèlement sexiste » dont sont victimes les femmes dans l’espace public, en particulier les transports en commun, et d’établir pour avril 2015. En dehors d’OLF, d’autres associations féministes dénoncent régulièrement ce phénomène. « Stop au déni » demandait ainsi, en mars dernier, des plateformes d’accueil pour les victimes, une meilleure formation du personnel ou encore des vignettes dans les rames.
Interrogé par 20minutes, Anne-Cécile Mailfert, porte-parole d’Osez le féminisme !, préconisait « des systèmes d’alarme à bord des rames pour alerter directement le conducteur du train et une formation des agents ». Pour elle, « il faut d’abord briser le tabou et libérer la parole. Croyez-moi, les femmes se fichent pas mal qu’il y ait un papier par terre dans le métro comparé au risque qu’elles ont de se faire agresser« .
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