Un grand bol d’air. Champion du contre-pied, l’Américain Mark Robinson lance un nouveau projet : Air Miami, aussi trouble et trompeur qu’Unrest. Si ça ne tenait qu’à nous, ce premier album d’Air Miami n’aurait pas vu le jour avant quelques années. Né des cendres de l’excellent groupe américain Unrest, le nouveau projet musical de Mark […]
Un grand bol d’air. Champion du contre-pied, l’Américain Mark Robinson lance un nouveau projet : Air Miami, aussi trouble et trompeur qu’Unrest. Si ça ne tenait qu’à nous, ce premier album d’Air Miami n’aurait pas vu le jour avant quelques années. Né des cendres de l’excellent groupe américain Unrest, le nouveau projet musical de Mark Robinson revêt en effet le goût d’un plaisir un peu pressé, prématuré. Avec Unrest, nous n’en étions qu’aux préliminaires même si le groupe, actif depuis plusieurs années, n’avait pas été radin en sorties , bien décidés à vivre une longue et paisible idylle. Ce temps d’adaptation, cette lente découverte, c’est la musique de Robinson qui la demandait : tordue, tout en méandres, prodigieusement belle sous son vernis trompeur, elle n’aurait su se satisfaire de ces rapports fougueux, irréfléchis et pressés qui unissent habituellement le rock et ses soupirants. Pour Unrest, nous étions prêts à tous les sacrifices, trop heureux d’entamer, même sur le tard, une relation exigeante. Mais décidément très portés sur l’effet de surprise, Robinson et ses complices en ont décidé autrement : lâchant Unrest alors que le succès semblait enfin possible, profitant de cette mutation précoce pour de nouveau mélanger les cartes, éliminant dans la destruction d’Unrest les rares indices abandonnés en route. Que le premier album d’Air Miami affiche ce même petit air de virginité orgueilleuse qui donnait sa force intime à Unrest n’étonnera donc personne : on en arrive à croire que cette recherche d’innocence, que ce souci de l’apparence neuve, blanche, progressiste compte finalement plus que les chansons, simples prétextes à l’amusement. Chez Air Miami, le conformisme rase les murs. Chaque son, chaque mélodie, chaque mot est l’occasion d’un contre-pied, d’une diversion des voix d’homme et de femme se croisent, des boîtes à rythmes et des batteries alternent sans logique, des guitares viennent et repartent. Un groupe comme les Boo Radleys donnerait sans doute de formidables versions de I hate milk ou Definitely beachy deux mini-tubes tués dans l’œuf , mais l’essentiel n’y serait pas : c’est ce sens du « trois fois rien », du « trop peu », ce sont ces notes volées, ces absences inexpliquées qui donnent aux chansons de Me me me leur dimension tragique. On pourrait tenter d’étiqueter l’affaire des Pixies rachitiques, They Might Be Giants sous Gardenal, ou encore du New Order qui n’aurait jamais découvert la disco et les drogues mais cela ne résoudrait rien : la musique d’Air Miami est condamnée à être unique, puisque telle semble être son idée fixe. Minimale, avare et pourtant terriblement attachante, elle ne laisse qu’une maigre option à l’auditeur : rendre les armes et écouter dans le calme et la soumission, en priant pour que le mirage Air Miami ne se dissipe pas comme le mirage Unrest.
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