Le cofondateur de « Rue89 » Laurent Mauriac vient de lancer « Brief.me », à la fois site et “minijournal par e-mail”. Sa vocation est de hiérarchiser l’actualité et faire gagner du temps à ses lecteurs.
Work in progress. Un travail perpétuellement remis en question, remâché, amélioré, modulé à l’infini. C’est sur ce modèle que Laurent Mauriac, cofondateur du pure player Rue89, a décidé de monter un nouveau média, Brief.me. Le 29 septembre 2014, il a lancé, avec une petite équipe, une campagne de financement participatif afin de créer une des premières newsletters quotidiennes d’information généraliste française.
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L’idée est d’“offrir un contenu différent, mettre en avant notre capacité à hiérarchiser l’information et faire gagner du temps à nos lecteurs”, explique Laurent Mauriac. Immédiatement, le projet, qui se rapproche de celui de la newsletter Time To Sign Off, séduit. Sur la plate-forme de crowdfunding Ulule, l’équipe de Brief.me ne s’est pas fixé une somme à atteindre mais un nombre de préventes à assurer pour lancer la newsletter dans de bonnes conditions.
Laurent Mauriac et ses acolytes s’étaient donné quarante-cinq jours pour obtenir cinq cents contributions ; l’objectif est atteint en quatre jours. L’équipe envoie alors une première salve de newsletters aux 50, puis aux 200 premiers contributeurs. C’est là que commence le vrai travail participatif, qui fait la spécificité de Brief.me. A la fin des newsletters, les journalistes ont ajouté des questions pour recueillir l’avis des premiers lecteurs-testeurs. Ceux-ci sont libres de remettre en question et critiquer le contenu du bulletin d’information. Le nombre de rubriques, leur nom, leur contenu, leur longueur, tout est passé en revue. Ensuite, l’équipe prend en compte ces réactions pour mettre à jour et améliorer le média.
Prendre le contre-pied des algorithmes
Laurent Mauriac l’assume : la newsletter Brief.me est rédigée “à 100 % par des humains”. “Nous prenons le parti d’introduire un jugement subjectif, pour prendre le contre-pied des algorithmes”, explique-t-il. C’est la petite équipe de journalistes qui s’occupe de trier, analyser puis rédiger les informations qui seront diffusées aux abonnés, gratuitement dans un premier temps, pour 3,90 euros ou 5,90 euros par mois, ensuite, selon la formule retenue.
La brigade s’est d’ailleurs agrandie il y a peu, avec l’arrivée de Grégory Raymond au poste de rédacteur en chef adjoint, après avoir passé trois ans au Huffington Post. Il a été choisi parmi plus d’une centaine de journalistes qui avaient postulé pour le job, dont certains bien installés dans de grandes rédactions françaises. Brief.me, qui prône la transparence avec ses lecteurs, a expliqué dans un mail envoyé à ses premiers contributeurs que ces journalistes leur ont “fait part de leur lassitude à empiler les informations le plus vite possible” ainsi que de “leur besoin de retrouver plus de sens dans leur travail”.
Brief.me a reçu plus de 100 candidatures pour le poste de red’ chef adjoint, dont quelques pointures pic.twitter.com/xgN8K68hhT
— Yann Guegan (@yannguegan) 19 Décembre 2014
L’heureux élu partage ce constat : “Il y a quelque chose de dérangeant dans le paysage actuel. La plupart des sites gratuits ont tendance à trop se regarder les uns les autres.” Aujourd’hui, la newsletter est envoyée à un panel plus large de lecteurs, mais elle est toujours un work in progress. Elle a par exemple été envoyée, vendredi dernier, à 17h30 au lieu de 18h30, toujours dans l’optique de “tester” les préférences des lecteurs.
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