Les chansons dérangées d’un Américain pas vraiment top-fun.
“Si 100 personnes avaient pu entendre mon premier album, 95 d’entre elles auraient changé de disque après dix secondes. J’en tire une certaine satisfaction”, dit Steve Beyerink, l’homme seul (vraiment seul) de Miss Autopsy – et pourquoi pas Melle Institut Légal ou La P’tite Disséquée ? On n’est pas certain que plus de 100 personnes entendront ce troisième album, mais il serait dommage d’abandonner après dix secondes une torture aussi jouissive, une béatitude qui se gagne au prix d’effrois, de sueurs froides et de haut-le-coeur. “Je veux que mes disques filent la chair de poule et changent la façon dont les gens écoutent la musique, continue l’Américain, mini-mâle.
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Comme l’ont fait pour moi Bonnie Prince Billy, Joy Division ou Radiohead.” Steve Beyerink est résolument plus éloquent pour écrire sur sa musique que pour écrire sa musique – un chaos qui parle d’herpès, de coups de fil qui ne viennent jamais, et pas mal de suicide. Steve est un joyeux drille, qui fait passer Arab Strap et leurs contes glauques pour Eric & Ramzy. A l’avenant, sa musique est malingre : guitare acide, mélodies patraques, batterie martiale. Mais la voix d’une autre époque (on pense à New York 78, à Richard Hell, à Television, à Johnny Thunders), plaintive et pourtant altière, sauve miraculeusement ces chansons efflanquées de la noyade dans le jus de boudin, dérangeantes mais rarement indisposantes, oppressantes mais séduisantes. Ceux qui atteindront, vivants, l’ultime Last Night I Killed a Man (ah ! vraiment, la poilade) pourront témoigner – nous serons peut-être onze.
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