Avertissement : ceci n’est pas un groupe. Fischerspooner relève surtout de l’expérience, du cas pratique livré aux apprentis Malcom McLaren : comment transformer une plaisanterie arty en un produit pop de consommation courante, voire une marque destinée à être franchisée ? Depuis plusieurs années, Warren Fischer et Casey Spooner, originaires de l’underground new-yorkais, s’amusent à […]
Avertissement : ceci n’est pas un groupe. Fischerspooner relève surtout de l’expérience, du cas pratique livré aux apprentis Malcom McLaren : comment transformer une plaisanterie arty en un produit pop de consommation courante, voire une marque destinée à être franchisée ? Depuis plusieurs années, Warren Fischer et Casey Spooner, originaires de l’underground new-yorkais, s’amusent à infiltrer la machine industrielle du divertissement, rêvant de revivre les aventures contractuelles des Sex Pistols, de bousculer par leur provoc les certitudes du music-business.
Ces gentils escrocs de l’electro-clash ? cette version body-buildée de la techno-pop ? prétendent ainsi détrôner les icônes poids lourds comme Michael Jackson ou Britney Spears. Leurs armes sont multiples : des doses mêlées de cynisme et de fantaisie, des pots de maquillage pour le vernis glam, des propos légèrement provocateurs pour l’attitude trash, des paroles découpées en slogans’ Ici, la musique apparaît comme le modeste vecteur d’une opération esthético-marketing liée, surtout, aux apparences. Si le répertoire des Américains échappe, par un heureux accident, à des calculs trop sordides ? à côté d’Emerge, exutoire synthétique devenu euphorisant mondial, il contient notamment Invisible et la touchante ballade Tone Poem ?, ça ne l’a effectivement pas empêché d’être vampirisé par l’image du groupe.
Que la ressortie de l’unique album de Fischerspooner, vieux de deux ans mais toujours très attachant, soit accompagnée d’un DVD réunissant clips et documentaire ne tient pas du détail, du cadeau bonus. Ce duo existe déjà par ses frasques, ses performances et l’attente disproportionnée que suscitent ses apparitions. Aux Trans Musicales de Rennes en 2001, sa prestation chaotique et artificielle avait autant choqué que bluffé : l’incessant recours au play-back et à d’énormes bouts de ficelle avait entretenu un réjouissant malentendu.