Orbital pousse la logique Kraftwerk à l’extrême, libérant les robots pour les lâcher sur les dance-floors sidérés. Pour ceux qui ne tolèrent la techno que quand elle prend un visage humain Underworld, Chemical Brothers ou autres Prodigy , Orbital, aux côtés des 808 State et LFO, fait figure de parrain du genre. Le duo […]
Orbital pousse la logique Kraftwerk à l’extrême, libérant les robots pour les lâcher sur les dance-floors sidérés.
Pour ceux qui ne tolèrent la techno que quand elle prend un visage humain Underworld, Chemical Brothers ou autres Prodigy , Orbital, aux côtés des 808 State et LFO, fait figure de parrain du genre. Le duo des frères Hartnoll revient pour son quatrième album avec une régularité métronomique, permettant au groupe d’aller à chaque fois un peu plus loin, n’ayant plus rien à prouver vis-à-vis d’un public de plus en plus large et soumis. Si l’on ne constate aucun changement manifeste, on peut noter en revanche une réelle radicalisation du discours : Orbital est un groupe techno au sens techno -logique du terme tout ici est machine mais certainement pas un de ces dégoûtants deuxième classe de la dance-music. Tout ici possède l’aspect techno et l’odeur rythmique de la dance-music, mais sans jamais en posséder le goût aseptisé, neutralisé. Plus rien ne se danse chez Orbital. Même pas le premier single, généralement passage obligé pour les dance-floors, ce Box beaucoup plus proche d’un Ennio Morricone psychiatrique que d’un hymne rave. Schizophrénie technoïde qui habite entièrement un album logiquement à part. Avec le temps, Orbital ressemble de plus en plus à un Kraftwerk sous influence douteuse. Tel le groupe culte de Düsseldorf, si Orbital est un groupe dance-music, il ne l’est que dans les marges : une référence dont on ne mesurera que plus tard le lourd héritage, mais un mensonge pour les pistes de danse. Tel Kraftwerk, Orbital construit ses morceaux et albums dans la manie du concept, d’un intellectualisme parfois outrancier qui n’admet même pas des voix on n’est pas chez Underworld ou encore moins des guitares on n’est pas chez Chemical Brothers. Pour autant, si Kraftwerk impose une hypnose robotique, Orbital libère les robots. Orbital, c’est la logique Kraftwerk poussée à l’étape suivante : pendant que l’un rationalise et construit, l’autre détruit et s’évade. Les morceaux d’Orbital fonctionnent comme des dérapages mélodiques s’ajoutant les uns aux autres, pour un final de plus en plus abstrait et déroutant. On croit avoir compris dans les premiers instants, on est pourtant totalement perdus quelques mesures plus loin. Si Kraftwerk anticipait et imposait les bases musicales d’un futur technologique, Orbital, au temps présent celui conçu par les hommes en métal de Düsseldorf , offre les pistes de l’escapade. Et si, jusque-là, tout rentrait dans l’ordre sur les dance-floors, aujourd’hui, les robots sont lâchés.
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