Défricher le monde sonore électronique, voilà à quoi semble s’astreindre la nouvelle vague de musiciens anglais issus du métissage racial et de l’alchimie des cultures jamaïcaine et européenne. Après Björk, caméléon charmeur et aguicheur, Tricky, ogre expérimentateur schizophrène, arrive Nicolette. Après un premier album inégal et trois titres pour Massive Attack, entre autres collaborations, cette […]
Défricher le monde sonore électronique, voilà à quoi semble s’astreindre la nouvelle vague de musiciens anglais issus du métissage racial et de l’alchimie des cultures jamaïcaine et européenne. Après Björk, caméléon charmeur et aguicheur, Tricky, ogre expérimentateur schizophrène, arrive Nicolette. Après un premier album inégal et trois titres pour Massive Attack, entre autres collaborations, cette jeune Nigériane de 31 ans s’affirme maître d’œuvre et prouve que sa voix acidulée entre évanescence et nonchalance peut construire un univers opiacé à la beauté délictueuse. Pour des plages musicales risquées et maîtrisées, Nicolette s’est entourée de producteurs stimulants tels Dego de Tek 9 ou Alec Empire, qui apportent au projet une richesse musicale servie par une énergie fluide et mystique. Les architectures jazz, jungle ou trip-hop sont déclinées et détournées pour enflammer un brasier élégiaque et orgiaque hanté par l’insaisissable chanteuse. Une soul ténébreuse et urbaine prend forme. Tandis que les nappes musicales subissent des tortures violentes et étranges, la voix, elle, intemporelle, épure le chaos et rassure l’auditeur par sa tranquillité vénéneuse. Explorant les différentes tonalités des sens à travers des atmosphères saturées, Nicolette distille une panoplie d’impressions, de l’effroi à la mélancolie, qui tournent aux sentiments sans la pesanteur du pathos. Et c’est là qu’on aperçoit, fugitive et fugace, son âme, déliée des convenances humaines.
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