La sortie de cet album, annoncé avec des éclairs dans les yeux par le maestro catalan il y a un an à Grenade, lors d’une interview consacrée à Manuel de Falla, nous taraudait depuis longtemps. On pressentait tout ce que la baguette énergique et décantée de Pons allait pouvoir apporter dans ce répertoire, lui qui […]
La sortie de cet album, annoncé avec des éclairs dans les yeux par le maestro catalan il y a un an à Grenade, lors d’une interview consacrée à Manuel de Falla, nous taraudait depuis longtemps. On pressentait tout ce que la baguette énergique et décantée de Pons allait pouvoir apporter dans ce répertoire, lui qui avait redonné un sérieux coup de jeune aux œuvres du sévère Espagnol. Comme chez de Falla, le maître mot, ici, c’est la lumière, avec ses ombres et la piqûre impitoyable du soleil. Cette superbe prestation, véritable hymne au printemps, le restitue dans toute sa dimension. Bizet, c’est un peu le Mozart français du XIXe siècle : un sens parfait de la mesure, une maîtrise éclatante de l’orchestre, comme en témoigne sa Symphonie de jeunesse (écrite à 17 ans), dont l’élan et la rutilance nous ramènent vers L’Italienne et le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn, et annoncent la Symphonie classique de Prokofiev. Un concentré de Haydn et Schubert, une fraîcheur dans l’inspiration et aussi, dans le mouvement lent, quelques instants de malaise qui s’évanouissent dans le pétillant finale. Mais c’est dans les suites tirées de la musique de scène de L’Arlésienne de Daudet qu’on est immédiatement saisi par le drame et ses clairs-obscurs permanents. Dieu qu’il sonne bien, le prélude de la première suite, avec son thème de marche impétueux auquel Pons rend toute sa virilité sans verser dans la dureté. Au début de la deuxième suite, le mélange de folklore provençal (avec flûte et castagnettes) et d’atmosphère dramatique apparaît d’une originalité rare. Le tout culmine sur une Farandole où le génial Bizet ne perd jamais le sens de la mesure. L’orchestre de Grenade est transparent : on perçoit toute la trame dede qui n’est justement pas vide de substance, de la flûte au saxophone, on frémit en sondant le tréfonds des cordes. Josep Pons a réussi pleinement son pari : son Bizet est inoubliable.
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