César 2015 : On prend les paris ?

César du Meilleur Film 

            {"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
          

Notre pronostic : Timbuktu d’Abderrahmane Sissako. Le sujet prime par rapport aux autres nommés, et le film entre en parfaite résonnance avec l’actualité géopolitique et sociale moribonde de ces derniers mois. Mais Les Combattants de Thomas Cailley constitue un concurrent sérieux: ce vent de nouveauté et de fraicheur pourrait tirer son épingle du jeu. De nombreux premiers long-métrages ont, en effet, déjà gagné le César du Meilleur Film : cela fut le cas, entre autres, pour Les Garçons et Guillaume à table ! (2013) de Guillaume Gallienne ou encore Les Nuits Fauves (1993) de Cyril Collard.

Nos choix : Saint Laurent de Bertrand Bonello et Sils Maria d’Olivier Assayas. Ce sont, selon nous, les deux films qui ont, cette année, proposé les gestes esthétiques les plus forts et les plus marquants.

César du Meilleur Réalisateur 

Notre pronostic et notre choix : Bertrand Bonello pour Saint Laurent. Il est possible que, cette année, les Césars du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur soient décernés pour deux long-métrages différents. Même si Abderrahmane Sissako rafle le premier César, personne ne peut concurrencer Bonello sur le plan de la mise en scène; son Saint Laurent est tout bonnement intouchable.

César de la Meilleure Actrice 

Notre pronostic : Adèle Haenel pour Les Combattants.  L’académie des Césars aime récompenser de jeunes actrices, à en croire le César de Sara Forestier pour Le Nom des Gens (2010) de Michel Leclerc ou encore celui d’Elodie Bouchez pour La Vie Rêvée des Anges (1998) d’Erick Zonca. Il pourrait y avoir une réelle levée d’enthousiasme pour Adèle, qui a déjà été nommée deux fois pour le César du Meilleur Espoir Féminin (une première fois en 2008 pour Naissance des Pieuvres de Céline Sciamma ; une seconde fois en 2012 pour L’Apollonide de Bertrand Bonello).  Cela serait une manière détournée de récompenser Les Combattants si celui-ci ne remporte pas le César du Meilleur Film.

Notre choix : Juliette Binoche pour Sils Maria, pour la puissance de son interprétation sur laquelle repose tout le film d’Assayas. Ce César lui a, par ailleurs, déjà été attribué en 1993 pour Trois Couleurs : Bleu, de Krzysztof Kieslowski.

César du Meilleur Acteur 

 Notre pronostic : Pierre Niney pour Yves Saint Laurent de Jalil Lespert ou Gaspard Ulliel pour Saint Laurent de Bertrand Bonello. Le César du Meilleur Acteur est la catégorie des Césars la plus ouverte et la plus compliquée à trancher, cette année et la bataille sera rude entre les deux interprètes de YSL. Il est possible que cela soit Pierre Niney qui remporte le César, ce dernier ayant vraiment la cote dans la profession ; mais Ulliel a lui aussi toutes ses chances puisque seul le film de Bonello a été nommé dans la catégorie du César du Meilleur Film. Néanmoins, un retournement de situation est envisageable et les deux St Laurent pourraient s’annuler mutuellement, laissant ainsi l’outsider Guillaume Canet (pour son rôle dans La prochaine fois je viserai le Cœur de Cédric Anger) remporter le trophée.

Notre choix : Gaspard Ulliel pour Saint Laurent. Pour tout ce qu’il a apporté en plus au personnage d’Yves Saint Laurent, dépassant de beaucoup la pâle copie ou la simple imitation gestuelle et corporelle, et donnant une réelle âme à son personnage.

César du Meilleur Second Rôle Féminin 

 Notre pronostic : Marianne Denicourt pour Hippocrate de Thomas Lilti. Hippocrate aura été un gros succès dans le cinéma indépendant français en 2014 et bien que le film puisse paraître un peu léger face aux poids lourds dans les catégories reines de la sélection, il pourrait avoir toutes ses chances.

Notre choix : Kristen Stewart pour Sils Maria. La jeune actrice est génialissime dans le film d’Assayas, en petite assistante habillée comme une american teenage girl de la classy Juliette Binoche. Pourtant, c’est bien cela qui pourrait lui porter préjudice : les professionnels du cinéma français pourraient, par corporatisme frileux, rechigner récompenser une actrice américaine, qui plus est une star, même si elle le mérite amplement.

César du Meilleur Second Rôle Masculin 

 Notre pronostic et notre choix : Reda Kateb pour Hippocrate. 2014 est incontestablement l’année Reda Kateb. Il serait grand temps que la profession le récompense. Surtout qu’il est bien ce qu’il y a de plus fort dans Hippocrate.

César du Meilleur Espoir Féminin 

 Notre pronostic : Louane Emera pour La Famille Bélier de Eric Lartigau. Pour ne pas ignorer totalement la comédie doucereuse de Lartigau, succès populaire à la teneur what the fuck, à base de Michel Sardou, The Voice et Les Choristes.

Notre choix : Ariane Labed pour Fidelio l’Odyssée d’Alice de Lucie Borleteau. Bien que la belle ait pâti du fait que le film ait peu été vu, elle est, malgré tout, une révélation étonnante et réellement singulière.

César du Meilleur Espoir Masculin 

 Notre pronostic et notre choix: Kévin Azaïs pour Les Combattants. Nouveau visage dans le cinéma français, Kévin Azaïs n’avait tourné que dans quelques courts métrages avant de se retrouver devant la caméra de Thomas Cailley. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il capture notre attention et notre regard par son naturel à l’image, sa fraîcheur, et son jeu  doux mais habité.

César du Meilleur Premier Film 

 Notre pronostic et notre choix: Les Combattants. On ne le répètera jamais assez : Les Combattants mérite tous les honneurs cette année, tant il a été une révélation. Frais, gai, mixant sans vergogne les genres, le film de Thomas Cailley est une petite merveille, un feel-good movie sur tous les points, porté à merveille par les performances de ses deux acteurs principaux (Adèle Haenel et Kévin Azaïs, on ne vous les présente plus) mais aussi par d’autres  pépites, plus discrètes mais tout aussi efficaces (William Lebghil et ses répliques bien placées « bah putain si c’est ça les meufs cet été, merci et vive la France. », par exemple).

César du Meilleur Film Etranger 

Notre pronostic : Mommy de Xavier Dolan. C’est la quatrième fois que Xavier Dolan est nommé aux Césars (après J’ai Tué Ma Mère, Les Amours Imaginaires et Laurence Anyways, reparti sans rien à chaque fois). Cela montre un réel attachement pour le jeune cinéaste de 25 ans et cela pourrait être (enfin) l’occasion de le récompenser pour un film qui a touché un public beaucoup plus large qu’habituellement.

Notre choix: The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson. A l’inverse de Xavier Dolan, c’est la première fois que Wes Anderson se retrouve nommé dans la catégorie du César du Meilleur Film Etranger. Son œuvre magnifique et minutieuse est paradoxalement exécutée avec une grandeur dandyesque qui mérite récompense.