Accessoire surfant sur la mode du selfie, le selfie stick est en passe d’être banni des musées américains. Dernier établissement en date à l’interdire dans ses galeries : le prestigieux Metropolitan à New York.
On ne saurait faire plus tendance. Le « selfie stick », en français la perche à selfie, est l’accessoire du moment pour tous les amoureux de l’autoportrait pris au smartphone. Même Barack Obama s’est prêté au jeu. Grâce à ce bâton télescopique qui mesure plus d’un mètre, l’utilisateur élargit grandement le champ des possibles : plus de gens sur la photo, plus d’environnement dans le cadre, plus de tout ! Mais voilà que la « baguette de Narcisse », comme elle est parfois surnommée, fait débat. Le New York Times indique ainsi que le selfie stick est en passe d’être interdit dans de nombreux musées américains.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Parmi les premiers à prendre des mesures d’interdiction, le Hirshhorn Museum and Sculpture Garden et la National Gallery of Art à Washington. Le Museum of Fine Arts de Houston, le Getty Center de Los Angeles et le prestigieux Metropolitan Museum of Art de New York ont suivi dans la foulée. Le New York Times cite Sree Sreenivasan, responsable du service numérique au Met : « Désormais, on vous demandera gentiment de ranger votre selfie stick, dit-il au quotidien américain. C’est une chose de prendre une photo à bout de bras, mais quand vous prenez une photo à grande distance, vous empiétez sur l’espace personnel de quelqu’un d’autre. »
Protéger les œuvres d’art
Mais la sécurité et le bien-être des visiteurs n’est pas l’unique objet d’inquiétude pour les musées. Il est également question de protéger les œuvres d’art. « Nous ne voulons pas être obligés de mettre toutes les œuvres derrière des vitres », ajoute Deborah Ziska, chargée de l’information du public à la National Gallery of Art de Washington. Si l’interdiction est d’ores et déjà indiquée sur le site internet du musée, elle sera prochainement ajoutée à la liste des objets bannis dans les dépliants disponibles à l’entrée. Le selfie stick côtoiera ainsi les monopodes et les tripodes.
Très prisé des touristes asiatiques, notamment sud-coréens, le selfie stick n’est pas interdit dans d’autres grands musées comme le Louvre ou la Tate Modern à Londres. Interrogé par le New York Times, Noah Rasheta, qui dirige iStabilizer, une entreprise d’accessoires photographiques, défend la tige télescopique de la discorde : « Ce n’est pas le selfie stick qui est en cause, mais le comportement des gens qui s’en servent. »
Le selfie encouragé
La pratique du selfie ne devrait en tout cas pas subir les effets négatifs de cette interdiction de plus en plus répandue. Les musées ont même tendance à l’encourager, afin de surfer sur la vague et attirer du monde. On a ainsi pu voir le Whitney Museum of American Art de New York relayer cette année le Museum Selfie Day instauré en janvier l’année dernière sur Twitter.
L’année dernière, à l’occasion de la rétrospective Jeff Koons, le même musée incitait déjà les jeunes à se prendre en photo devant des œuvres de l’artiste américain en distribuant des papiers sur lesquels était écrit « Koons is great for selfies!« . Le New York Times rappelle également le beau coup de pub réalisé involontairement par l’Art Institute de Chicago lorsque Katy Perry avait posté sur son compte Instagram un selfie pris devant American Gothic de Grant Wood.
Le selfie stick déjà banni des stades
L’interdiction du selfie stick par certains musées n’est pas une première pour le « Narcisstick ». En Angleterre, la perche télescopique a déjà été cataloguée comme indésirable dans quelques stades de Premiere League. Manchester United, Arsenal ou encore Tottenham ont ainsi pris des mesures pour l’interdire dans leurs enceintes, pour raisons de sécurité ou pour ne pas gêner d’autres spectateurs. Un supporter des Spurs de Tottenham postait en janvier sur son compte Twitter la réponse du club qui faisait suite à sa demande que les selfie sticks soient interdits dans l’enceinte de White Hart Lane :
Enfin, Le Monde indiquait en décembre dernier que la Corée du Sud avait décidé de prendre des mesures contre la vente de perches à selfie non homologuées. Certaines fonctionnant en bluetooth émettraient des ondes néfastes. Les contrevenants risquent jusqu’à 20 000 euros d’amendes et trois ans de prison.
Classé 18e dans la liste des meilleures inventions de 2014 du magazine Time, le selfie stick a vu ses ventes exploser l’année dernière aux États-Unis (environ 100 000 vendus rien que pour le mois de décembre), mais va donc devoir prendre congé des musées. Pas plus mal quand on sait qu’une société s’était déjà lancée sur le marché en développant le Belfie Stick, qui permet de prendre ses fesses en photo. On devrait donc échapper à des clichés de postérieurs devant L’Arlésienne de Van Gogh. Ouf.
{"type":"Banniere-Basse"}