Le cinéma français ne s’est pas porté aussi bien qu’en 2014 depuis 30 ans. Le succès de la comédie “Qu’est ce qu’on fait au Bon Dieu” y est pour beaucoup mais de nombreux films aux budgets moindres atteignent les premières places du classement de rentabilité.
Le Film Français a, comme chaque année, publié son classement 2014 des films d’après leur rentabilité en salle. La rentabilité d’un film y est calculée par le rapport entre le budget déclaré d’un film et les entrées réalisées lors de son exploitation française. Il ne s’agit donc pas du tout de la rentabilité finale, puisqu’il faut intégrer ensuite les ventes et l’exploitation télé, les ventes vidéo, et l’exploitation du film à l’international. Pour qu’un film soit considéré comme ayant réalisé une bonne performance, il doit donc avoir atteint un taux d’amortissement en salle entre 25% et 30%. En 2014, seulement 42 films ont atteint ce seuil contre environ 30 films les années précédentes.
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Source: Le Film Français
La comédie au top niveau
Cinq films dépassent les 100% en 2014 contre deux en 2013, zéro en 2012 et quatre en 2011. A la première place du classement trône Qu’est ce qu’on a fait au bon Dieu, de Philippe Chauveron, avec un taux de 300% de rentabilité et un budget de 12.7 millions d’euros pour un nombre d’entrées en salle de 12.3 millions. Un beau score, pourtant loin derrière Intouchables de Eric Toledano et Olivier Nakache, sorti en 2011 et affichant un score mirobolant de 600% de rentabilité. Aux deuxième et troisième places, deux comédies, montrant que le genre ne s’est jamais aussi bien porté que dans ce climat social morne : La Famille Bélier d’Eric Lartigau (231% de rentabilité et 5.6 millions d’entrées pour un budget de 7.55 millions d’euros) dont l’exploitation en salle est toujours en cours et qui pourrait grimper encore un peu ; suivi de près par Babysitting de Philippe Lacheau (211% de rentabilité et 2.35 millions d’entrées pour un budget de 3.48 millions d’euros), le succès inattendu du début d’année 2014.
L’étonnante remontée du documentaire
Ce sont deux documentaires qui occupent les deux dernières places du top 5. La Cour de Babel de Julie Bertuccelli, qui suit le quotidien scolaire d’élèves étrangers en France, et Résistance Naturelle de Jonathan Nossiter, documentaire sur la rencontre entre des vignerons italiens et un directeur de la Cinémathèque. Ces deux œuvres ont réalisé, comme on peut s’en douter, beaucoup moins d’entrées que les comédies populaires qu’elles talonnent mais leurs petits budgets initiaux leur permettent d’atteindre un taux de rentabilité exemplaire. On pourra aussi noter la présence dans les hauteurs du classement du Sel de la Terre de Wim Wenders (7e du classement), ainsi que des Chèvres de ma Mère de Sophie Audier (21e; 300000 euros de budget pour 43300 entrées) ou encore de Au Bord de Monde de Claus Drexel (23e; 380000 euros pour 48600 entrées).
Le cinéma indépendant et le cinéma d’auteur en bonne santé
A noter les bons scores d’Hippocrate de Thomas Lilti (9e), de Party Girl du trio de réalisateurs Amachoukeli/Burger/Theis (28e ; 1.79 millions d’euros pour 192000 entrées) de Bande de Filles de Céline Sciamma (31e ; 2.97 millions d’euros pour 303500 entrées), de Lulu femme nue de Solveig Anspach (11e), des Combattants de Thomas Cailley (15e) ou encore de 2 automnes, 3 hivers de Sébastien Betbeder (18e) qui prouvent une nouvelle fois que le succès du cinéma indépendant français en salle n’est pas près de s’atténuer. Timbuktu de Abderrahmane Sissako, actuellement 6e du classement et toujours en cours d’exploitation en salle pourrait, quant à lui, se hisser un peu plus dans les hauteurs du classement du Film Français en atteignant les 100% de rentabilité.
Pourtant, certains films d’auteurs ne passent malheureusement pas le cap de la rentabilité. C’est le cas de Sils Maria d’Olivier Assayas (77e ; 5.10 millions d’euros pour 245700 entrées), Saint Laurent de Bertrand Bonnelo (84e ; 8.77 millions d’euros pour 362000 entrées), Adieu au Langage de Jean-Luc Godard (121e ; 1.96 millions d’euros pour 33850 entrées), Eden de Mia Hansen-Love (132e ; 5.1 millions d’euros pour 65200 entrées), Jacky au Royaume des Filles de Riad Sattouf (140e ; 11 millions d’euros pour 118600 entrées) ou encore Une Nouvelle Amie de François Ozon (57e, 8.95 millions d’euros pour 567800 entrées), pourtant habitué à se retrouver dans les cimes du classement annuel.
Des scores en demi-teinte et de réels flops
Bien que numéro 3 du box office français, Supercondriaque de Dany Boon se hisse difficilement à la 16e place du classement de rentabilité à cause de son budget colossal de près de 32 millions d’euros. Des succès aussi en demi-teinte pour Les 3 Frères : Le Retour, alors que le premier opus, sorti en 1995 avait presque atteint les 7 millions d’entrées; ainsi que pour Samba de Toledano et Nakache, qui ne réussit pas à réitérer le score d’Intouchables.
Au niveau des vrais flops, on pourra noter celui de The Search de Michel Hazanavicius (171e) avec un taux de rentabilité de 1.06% et un budget de 20.6 millions pour 69900 entrées seulement, et ce malgré le remontage du film après son accueil très mitigé au Festival de Cannes dernier ; mais aussi Grace de Monaco d’Olivier Dahan, lui aussi présenté à Cannes en 2014 et qui peine à atteindre la 136e place du classement.
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