Acide, la musique d’Alice Donut l’est en tout point. Corrosive, elle s’attaque aux papilles et aux neurones avec le même pouvoir oxydant. Un doigt de citron vert, un trait d’acétone, une goutte de nitroglycérine avant d’énerver le shaker : de sucré, elle n’aura finalement que ce nom d’échoppe à beignets. Plus lysergique, plus aigrelet que […]
Acide, la musique d’Alice Donut l’est en tout point. Corrosive, elle s’attaque aux papilles et aux neurones avec le même pouvoir oxydant. Un doigt de citron vert, un trait d’acétone, une goutte de nitroglycérine avant d’énerver le shaker : de sucré, elle n’aura finalement que ce nom d’échoppe à beignets. Plus lysergique, plus aigrelet que ses prédécesseurs, Pure acide park marque l’arrivée du groupe à bon port.
L’inspiration décès New-Yorkais de l’East Village, poussés à l’ombre du CBGB s, n’a certes pas varié d’un cil depuis leur formation en 1987.
Mais on en saisit mieux aujourd’hui les orientations. Alors que certains changent radicalement avec le temps, Alice Donut ne fait que s’épanouir, gardant toujours le même cap, expliquant par contre plus précisément des visées hallucinatoires désormais intelligibles. Une revue de détail
laisserait entrevoir un patchwork sans direction. De la carrure hardcore des guitares de Big cars and blow jobs ou Cain jusqu’aux mélodies savonneuses de Millenium ou Freaks in love, la palette pioche large, mais tient un unique discours. Comme une bannière livrée aux vents violents, la verve d’Alice Donut flotte en tous sens mais s’agrippe au seul mât dont elle s’est dotée : celui d’une déjante free, d’un psychédélisme de traverse. Parfaitement givrés, parfaitement géniaux, Thomas Antona et ses matelots adoptent toutes les houles du rock’n’roll pour en retranscrire la plus tourbillonnante, la plus toxique des équations. En guise de balises, au cœur d’une collision d’idées, nous nous raccrocherons à leur reprise illuminée du I walked with a zombie de Rocky Erickson et à leur indéfectible fidélité au label Alternative Tentacles, l’auberge espagnole de Jello Biafra, ex-majordome agité des Dead Kennedys. Pour le reste, ce septième album défriche seul sa route, entre destroy baroque et enluminures chimiques. Acidulé, pour le moins.
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