Juste ce morceau, Land of Anaka, et l’Afrique s’est trouvé son Leonard Cohen, son John Cale, son Muddy Waters, choisissez. De la récente histoire discographique du continent noir, voici le premier grand choc : l’album d’un musicien qui n’a pas utilisé ses racines musicales comme un gri-gri carte postale, mais a su la sublimer avec […]
Juste ce morceau, Land of Anaka, et l’Afrique s’est trouvé son Leonard Cohen, son John Cale, son Muddy Waters, choisissez. De la récente histoire discographique du continent noir, voici le premier grand choc : l’album d’un musicien qui n’a pas utilisé ses racines musicales comme un gri-gri carte postale, mais a su la sublimer avec l’aide de la production subtile et exceptionnelle de Brian Eno. Geoffrey a un vécu des plus crédibles : son père, membre du gouvernement d’Amin Dada, est éliminé. Commence alors pour lui un long et douloureux exil dans lequel il puisera la matière première de son blues. Il a le déchirement noble et la peine discrète. Il se ressource certes dans sa vie déchirée, mais il y a dans son écriture un désir de modernité évident. Une modernité qui ne tombe pas dans le piège de l’électronique systématique et ringarde qui a tué tant de musiciens africains basés à Paris. Geoffrey Oryema se plonge toute acoustique dehors dans le blues du continent noir, il lui offre de belles lettres de noblesse. Avec lui, l’Afrique n’est plus synonyme de tams-tams tribaux devenus rythmes de sociétés occidentales missionnaires. Les dix chansons d’Exile sont autant d’odes à la négritude sans les slogans vengeurs des rappers américains. Oryema est un maniaque poétique, une terre d’accueil à lui tout seul.
Et son album une exaltation voluptueuse.
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Archives du n°26 ( nov/ déc 90)
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