Réédition d’un grand agitateur méconnu du jazz hexagonal. Une perle rare.
Jef Gilson est le génie méconnu du jazz français des années 1960. Il a pourtant
sorti des disques incomparables, allant du free-jazz à la musique africaine, gagnant le respect de Coltrane et reprenant Pharoah Sanders. Soul of Africa, à l’origine sorti sur le label communiste Chant du Monde, est un document
qui date du début des années 1970, après que Gilson eut enregistré plusieurs disques avec des musiciens malgaches. Ici, tout est question d’équilibre entre rythmes africains et envolées libres, entre hypnotisme et inflammation fulgurante. Gilson conduit un groupe de six musiciens, dont un vibraphoniste, un percussionniste, un batteur et lui-même au piano. Au centre, surgissent la basse et le saxophone ténor Hal Singer, qui met au cœur de la répétition rythmique une forme assez céleste de spiritualité. On est à la fois en Afrique et dans le cosmos, très proche des disques d’Alice Coltrane, mais comme s’ils avaient été conçus entre Paris et Dakar plutôt qu’entre New York et Los Angeles. Le disque ajoute deux morceaux rarissimes du début des années 1960, qui incluent une formation différente. On y entend une basse, électrique, et une autre, acoustique, ainsi qu’un étrange “micro organ”, petit orgue électrique et primitif. Ces deux morceaux, Le Grand Bidou et Fable of Gutenberg, témoignent de la vision de Gilson, qui, au début des sixties, n’est pas moins que l’équivalent de celle de John Coltrane : chez l’un et l’autre, il y a la même spiritualité, le même désir de communiquer, via la musique, avec des esprits peu communs.
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