Ceux qui ont raté Grammar bell and the all fall down, premier album de Manishevitz paru l’an passé, ont eu tort, mais ceux qui rateront Rollover seront impardonnables. En délégant les arrangements de ses chansons à Fred Lonberg-Holm, violoncelliste de l’école Peter Brotzmann/John Zorn, Busch a franchi une étape décisive dans son glissement progressif du […]
Ceux qui ont raté Grammar bell and the all fall down, premier album de Manishevitz paru l’an passé, ont eu tort, mais ceux qui rateront Rollover seront impardonnables. En délégant les arrangements de ses chansons à Fred Lonberg-Holm, violoncelliste de l’école Peter Brotzmann/John Zorn, Busch a franchi une étape décisive dans son glissement progressif du déplaisir janséniste vers les hauts échanges épicuriens. La petite musique de Manishevitz glisse ainsi, à son rythme toujours délicat et mesuré, des dégradés de gris à un confortable éventail de teintes instrumentales, certaines appartenant à aucun nuancier connu. On songe dès les premières mesures à Cardinal, voire à Pinback, ou aux illustres modèles Kevin Ayers et Syd Barrett. Alternant les guitares spartiates héritées des tablatures pointilleuses de John Fahey avec une fanfare de cordes et de cuivres dissipés, Manishevitz invente une musique de chambre toute chamboulée, un long tourbillon dérapant parfois dans une cacophonie à peine maîtrisée. Rollover, œuvre à tiroirs dont certains ne se fracturent qu’au bout d’une dizaine d’écoutes, s’aborde avec la même patience que ces disques en pelote qui l’on déroule au fil des années, sans qu’on ne songe jamais à en voir le bout. Heureusement, une simple fréquentation distraite procure aussi des plaisirs immédiats qui combleront les amateurs de gourmandises pop.
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