Une anthologie réussie nous rappelle que, dans les sixties, l’Afrique de l’Ouest dansait au rythme de ce style composite. Le 19 juillet 1996, Emmanuel Tettley Mensah décédait à l’âge de 77 ans. Cela faisait un bail que ce natif d’Accra, plus connu sous le sobriquet d’E. T. Mensah, soufflait dans sa trompette un vent nouveau, […]
Une anthologie réussie nous rappelle que, dans les sixties, l’Afrique de l’Ouest dansait au rythme de ce style composite.
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Le 19 juillet 1996, Emmanuel Tettley Mensah décédait à l’âge de 77 ans. Cela faisait un bail que ce natif d’Accra, plus connu sous le sobriquet d’E. T. Mensah, soufflait dans sa trompette un vent nouveau, celui du high life, un style qu’il fut le premier avec les Tempos à exporter dans toute l’Afrique grâce à quelques hits, dont le célèbre All for you. Né en 1919, la vie de ce Ghanéen commence avec les débuts du style high life sur la Gold Coast, endroit d’où furent arrachés des millions d’esclaves pour bâtir le « rêve américain ».
Dans les années 20, il existe trois types de formations : les fanfares militaires d’inspiration traditionnelle, les « guitar bands » groupes de guitares ancrés dans la tradition du peuple akan, très populaires, et les grands orchestres citadins, dont le répertoire plus occidentalisé s’adresse à la bourgeoisie aisée. Le high life est dans un premier temps une musique pour nouveaux riches. Rapidement, il va investir les ghettos, inonder les bars où l’on boit du vin de palme. « When I play this music, I feel high, very high life », avaient alors coutume de dire les musiciens pour exprimer leur satisfaction. Ainsi sera rédigé l’acte de naissance de ce courant. La décolonisation en modifie la rhétorique. Les années 50-60, incarnées par Kwame N’Kruma et le panafricanisme, détournent radicalement les gimmicks des classes aisées pour en faire un véhicule politique. Les textes se durcissent, les rythmes s’assombrissent.
Comme le rappelle ce coffret, c’est l’âge d’or d’un style où se croisent l’apport des marins et voyageurs au long cours et les rythmes et mélodies du cru. Soit une musique métisse au même titre que ses nombreuses cousines antillaises auxquelles les couleurs du high life font souvent songer. Qu’il s’agisse de ballades ou de versions plus cadencées, pour reprendre le découpage de ce double album, on déguste avec un égal bonheur ces adaptations de swing, biguines, rhythm’n’blues, jazz cool, calypso… Ici, la musique se danse. Petits ou grands orchestres habillés de cuivres, la guitare électrique y tient toujours le rôle de seconde voix. Un vrai régal ! Ecoutez la reprise signée Charlotte Dada du Don’t let me down des Beatles. Drôlement décalée, tendrement arrangée, typique de l’esprit transversal du high life, qui n’usurpe décidément pas son nom.
High life, High up’s : la musique du Gold Coast des années 60 (Original Music/Night & Day)
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