L’ancien Th’ Faith Healers Tom Cullinan est un guitariste qui tache. Il fait son boulot comme certains massacrent leur voiture, balance des grands coups dans l’embrayage pour changer de note et écrase l’accélérateur. Enfin, il entretient soigneusement les fuites d’huile, histoire de polluer de jolies pop-songs. Avec Quickspace, il reprend le son là où son […]
L’ancien Th’ Faith Healers Tom Cullinan est un guitariste qui tache. Il fait son boulot comme certains massacrent leur voiture, balance des grands coups dans l’embrayage pour changer de note et écrase l’accélérateur. Enfin, il entretient soigneusement les fuites d’huile, histoire de polluer de jolies pop-songs. Avec Quickspace, il reprend le son là où son précédent groupe l’avait abandonné après trois albums. On retrouve donc cet amour paradoxal que le maître porte à la finesse et au décalage des rythmiques du Mother sky de Can. Ne se sentant pas trop convaincu par la chanteuse qui remplace son ancienne égérie, il lui vient l’idée de se mettre aussi au micro. Ses désirs font désordre, mais le ton de ce premier album s’y prête bien. On commence dans la douceur avec quantité d’arpèges de guitares croisées qui dessinent des motifs compliqués sur les nappes de brouillard synthétiques, puis les cœurs se réveillent et le disque prend de l’altitude. Les roulements de son débarquent juste après les synthés, très bêtes aussi. On écoute Mouse tail et ses volutes de guitares qui nous font sentir en phase avec les moineaux dans le ciel et on tombe de haut lorsque le titre se perd dans les flammes et toujours plus de boucles vocales. Docile clôt l’album, ritournelle pour jardin d’enfants qui finit à l’ombre des palmiers d’Hawaï, avec le grain de folie dans le rôle de la plage de sable fin. Contrairement aux collègues Jessamine ou Tortoise, Quickspace n’a aucun goût réel pour les bidouillages sonores et compense en naviguant entre clin d’œil, introspection tranquille et délire extraverti. Parce que c’est aussi ça Quickspace : du krautrock joué par des punks.