Mis en beauté par Vincent Ségal, le vingtième Moustaki ne fait pas la révolution
et c’est mieux ainsi.
Le faux ermite de l’île Saint- Louis (jamais solitaire ne fut aussi bien entouré) présente la note de mai, sans acrimonie, mais avec une fermeté de septuagénaire vert. Le nostalgique paresseux larmoierait sur le joli temps enfui : Moustaki n’est ni l’un ni l’autre.
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Pour preuve ce vingtième album de rires, de larmes, et de revendications le poing dressé. Ici, Vincent Ségal (Bumcello, et un gros bout de violoncelle pour M) a réalisé qu’on pouvait concocter un bel album du beau Georges sans tomber dans les poncifs (aidé notamment par l’accordéon de Marcel Azzola ou la contrebasse de Sarah Murcia). Vincent Delerm est venu chanter une ode aux cuisses dénudées des filles, sur les vélos de Paris. China Forbes (Pink Martini) a des pudeurs de petite fille en entrant sur la pointe de la voix dans Ma solitude (composé en 1967 pour Reggiani), puis débouche la bouteille de la coquinerie dans une fausse carte postale typique (Donne du rhum à ton homme). L’Américaine Stacey Kent chante en français le Brésilien Chico Buarque.
Mais le métèque manie aussi parfaitement l’alexandrin d’Alexandrie en solo : hommage aux désirs des femmes, destins brisés, portrait en pied de jeune fille, évocation du temps où les guitares étaient caressées par Brassens, rien de flasque dans cette ferme douceur. Telle la dernière rencontre, à envisager sans se défiler : Sans la nommer met en présence deux Méditerranéens (Cali a vu la lumière), pour une ode réévaluée (composée en 1969) à la révolution permanente. Citoyens, tous en choeur…
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