World Album semi posthume d’une belle collaboration entre une pointure des percussions et un poète musicien touarègue.
(CD/DVD, Safar Productions)
La collaboration entre le percussionniste Steve Shehan et le poète musicien berbère Baly Othmani aura été au cours des années 90 l’une des plus fascinantes à émerger de ce que l’on a appelé, à tort ou à raison, le Quatrième Monde. Ce concept visionnaire d’une globalisation musicale intelligente et respectueuse, imaginé par Jon Hassel quinze ans plus tôt, ne récolta malheureusement que de maigres fruits en comparaisons de la somme de productions cherchant avant tout l’exotisme dans un métissage bas de gamme. Les trois albums Safar, Assouf et Assarouf qui découlèrent de cette rencontre, mieux de cette fraternisation, où le nomadisme sonore de Shehan complète à merveille celui, intrinsèque, du luthiste touareg, continuent aujourd’hui encore à distiller leurs arômes lointains et leurs lumières d’aventures. La disparition de Baly Othmani en 2005, emporté par une crue de l’oued Djanet, aurait dû rompre à jamais ce lien fort établi à la croisée d’un chemin qui mène du monde enraciné et tribal de l’hommes bleu à celui, fluide et apatride, du musicien globe trotter. Or, en retrouvant plusieurs enregistrements inédits issus des séances avec Othmani, qu’il a selon ses termes « re-spatialisé », Steve Shehan nous projette une dernière fois dans cet ozone musical à la fois étrange et accueillant, bercé par ce luth et ces mélopées qui, pareils aux dunes, ondulent à l’horizon en créant une sensation d’infini. Dans le film que lui consacrent Talia Mouracadé et Thibaut Castan, Shehan évoque le mystère qui se dégage de certaines de ses expériences musicales. De toutes, celle-ci fut sans doute la plus magique.
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