Il y a cinq ans, fustiger le rock FM, c’était s’en prendre à une cible aisément identifiable de quadragénaires aseptisés. Mais les belles-mères ont évolué ou entendu Nirvana. Le gendre idéal est aujourd’hui un bûcheron en short qui passe en heavy rotation sur MTV. Irréprochable à sa manière, le nouveau riche. Bien foutu aussi le […]
Il y a cinq ans, fustiger le rock FM, c’était s’en prendre à une cible aisément identifiable de quadragénaires aseptisés. Mais les belles-mères ont évolué ou entendu Nirvana. Le gendre idéal est aujourd’hui un bûcheron en short qui passe en heavy rotation sur MTV. Irréprochable à sa manière, le nouveau riche. Bien foutu aussi le nouvel album de Juliana Hatfield. Le même que les précédents (jolies mélodies, filet de voix acidulé), mais tous les potentiomètres à dix. Le gros son préformaté sale sur lui qui inspirera aux animateurs radio amis des jeunes des traits d’esprit typiques comme « hyper-carton » ou « mégadonf ». Juliana Hatfield a réussi un bon album de grunge aux dents longues. Qu’elle ne dise rien et perde le bénéfice de la candeur est sans doute accessoire. Autrefois, il y avait la même catégorie de musiciens : les joueurs de limonaire. La machine faisait tout le boulot et eux tendaient la sébile. Mais nos ancêtres préféraient déjà le crincrin du clochard à ce préfabriqué interchangeable. Appelons ça un leurre, comme les fruits en plastique que le bon goût de l’époque fait pousser sur les tables : ça n’attire pas les mouches et ça ne sent pas l’avarie. Ça ne sent pas non plus le fruit. Ça ne sent rien.
Stéphane Deschamps
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