Roger Hanin (1925-2015) vient de disparaître. Retour sur quelques aspects de cette grande figure du cinéma populaire français.
On aperçoit Roger Hanin dans A bout de souffle
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Roger Hanin apparaît brièvement à la terrasse d’un café de Montparnasse. dans le film de Jean-Luc Godard (1960). Il joue le rôle d’un truand, Cal Zombach, ami avec Michel Poiccard (Jean-Paul Belmondo). Apparemment, Hanin se trouvait là par hasard quand Godard et son équipe ont débarqué. On lui a improvisé un rôle (à l’instar de Jeanne Moreau et Jean-Claude Brialy dans Les Quatre cents coups de François Truffaut). Dix ans plus tard, il jouera le rôle du père du personnage principal, Pierre, dans le très beau Le Clair de Terre, de Guy Gilles.
Roger Hanin a relancé la carrière de Claude Chabrol
En 1959, Roger Hanin épouse Christine Gouze-Rénal, sœur de Danielle Mitterrand et productrice de cinéma. Elle produit alors la série des “Gorilles”, films d’espionnage tirés des séries noires d’Antoine Dominique, alias Dominique Ponchardier. Lino Ventura interprète le rôle dans le premier long-métrage de la série, puis laisse la place à Roger Hanin dans La Valse du Gorille (1959) et Le Gorille a mordu l’archevêque (1962).
https://www.youtube.com/watch?v=HW04x62VPc8
Un peu plus tard, en panne de vitesse, Claude Chabrol demande à Hanin de devenir “Le Tigre”, une parodie des Gorilles qui donnera naissance à deux films (Le Tigre aime la chair fraîche en 1964 et Le Tigre se parfume à la dynamite en 1965) et renflouera les caisses chabroliennes. Hanin proposera quelques années plus tard à Chabrol de le mettre en scène au théâtre dans Macbeth de Shakespeare, mais le cinéaste y renoncera, officiellement parce qu’il avait peur de la pièce – dans le milieu théâtral, on la dit maudite…
Roger Hanin a réalisé avec Serge Moati la fameuse cérémonie de Mitterrand au Panthéon de mai 1981
Avant cette retransmission en direct de la panthéonisation « anthume” de son beau-frère à peine élu, on se souvient avoir entendu Roger Hanin envisager son travail de réalisateur comme “un hommage à Eiseinstein”, le grand cinéaste russe connu pour son sens de la précision dans cadrage et du montage. A vrai dire, on se souvient surtout de ce passage antonionien de quelques dizaines de secondes où on voit le nouveau chef de l’Etat socialiste sortir par inadvertance à la fois du champ des caméras et des écrans radars affolés de son service de sécurité.
Roger Hanin a failli être le “Marlon Brando français”
Après avoir explosé, d’abord au cinéma dans Le Coup de sirocco (1979), l’histoire d’un épicier pied-noir obligé du jour au lendemain de quitter l’Algérie au moment de l’indépendance, il triomphe à la télévision dans Au bon beurre d’Edouard Molinaro (1981), adaptation du roman de Jean Dutourd, dans le rôle d’un commerçant français sous l’Occupation qui s’adonne sans vergogne là l’activité du marché noir.
C’est le moment que choisit Alexandre Arcady pour le sortir de ses rôles de petits commerçants et de tenter de lui donner une plus grande ampleur en faisant de lui une sorte de parrain français juif pied-noir, inspiré du clan Zemmour, dans Le Grand Pardon (1982). Le film est un succès auprès du public et connaîtra une suite Le Grand Pardon II (1992). L’adjectif “grand” lui sera à nouveau accolé dans Le Grand Carnaval (1983). Mais enfin, pour être franc, jamais personne ne confondra réellement Raymond Bettoun (le nom de son personnage dans les Grand Pardon) avec Don Vitto Corleone.
Roger Hanin détenait les droits d’Une chambre en ville (1982)
L’acteur était détenteur des droits (1982) du chef-d’œuvre de Jacques Demy avant qu’il ne revende en 2009 à Orange cinéma le catalogue de films dont il avait hérité de Christine Gouze-Reynal, décédée en 2002 et productrice du film. Jean-Baptiste Morain
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