Le livre de la jungle.A Manchester, il a remixé les Stone Roses et inventé par hasard la deep-jungle. Un petit maxi un album au mieux et puis s’en vont : on a trop l’habitude d’imaginer la house comme une musique de passage, anonyme, où l’on ne fait pas long feu. On assiste pourtant […]
Le livre de la jungle.A Manchester, il a remixé les Stone Roses et inventé par hasard la deep-jungle.
Un petit maxi un album au mieux et puis s’en vont : on a trop l’habitude d’imaginer la house comme une musique de passage, anonyme, où l’on ne fait pas long feu. On assiste pourtant actuellement au retour surprise des figures de l’âge d’or : Farley Jackmaster Funk, Lil’ Louis, Marshall Jefferson ou Tim Simenon de Bomb The Bass. On les croyait perdus, prisonniers d’un tube historique (le French kiss de Lil’ Louis, le Beat dis de Bomb The Bass). Triste destin : un tube planétaire, une signature avec une major, une brouille avec la même major et l’oubli comme conclusion de l’histoire. Gerald Simpson a su garder la tête hors de l’eau. A la fin des années 80, en pleine Manchester-mania naissante, il composait deux hymnes majeurs : le fabuleux Pacific state, en collaboration (houleuse) avec 808 State, et Voodoo ray, probablement le premier titre de house anglaise à avoir considérablement impressionné les parrains d’Amérique. Suffisant pour affoler l’industrie du disque : Sony offre sans sourciller un contrat de sept albums au bricoleur génial de Manchester. Dès le premier, Automanikk (1990), Sony déchante, Gerald n’étant pas la poule aux oeufs d’or rêvée : Voodoo ray restera comme un tube aussi gigantesque qu’accidentel. Son truc à lui, c’est l’expérimentation, l’utopique fusion techno-house. Automanikk se ramasse, le rêve s’achève et Sony vire Gerald Simpson. Et le long combat de l’underground de recommencer : Gerald Simpson s’enterre. Très loin. Il fonde son propre label, Juice Box, s’intéresse aux raves mais ne se résout pas aux facilités trance ou techno hardcore. Toujours l’expérimentation. Il sort un second album que personne n’a acheté. On murmure qu’il fait du breakbeat, ce rythme inapprivoisé qui n’intéresse alors que la branche dure de la techno et les rappeurs les plus expérimentaux. Et puis un jour de 94, le breakbeat se fait appeler jungle et les feux médiatiques se rallument. Gerald Simpson retrouve la lumière. Mais cette fois-ci il lutte sur son terrain en toute liberté : Juice Box est son label. Pendant cinq ans, le succès n’a pas voulu de lui. Il sait parfaitement ce qu’est la résistance. Black secret technology est donc son troisième album. Beau et emballant. Les spécialistes appellent ça de la deep-jungle ou de l’intelligent-jungle. Des sons planants, magnifiques, auxquels répondent des rythmiques insensées, fiévreuses. Comme tous les meilleurs moments de la house, de la techno et désormais de la jungle, c’est dans la juxtaposition Afrique/Occident, rythmes/violons, chaos/calme, machines/fragilité qu’on trouve l’élévation. Un secret noir le vaudou des danses initiatiques associé (et non opposé) à la technologie. Envoûtant.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}