Les parrains du “son de Bristol” et du hip-hop viennent hanter le blues. Un oecuménisme brûlant. Quand les requins de studio ne jouent pas aux caméléons, c’est pour nous infliger, en général, d’assommantes démonstrations techniques. Guitariste noir américain d’exception, musicien professionnel depuis trente ans, Skip McDonald s’est plié à tous les exercices de style. Mais […]
Les parrains du « son de Bristol » et du hip-hop viennent hanter le blues. Un oecuménisme brûlant.
Quand les requins de studio ne jouent pas aux caméléons, c’est pour nous infliger, en général, d’assommantes démonstrations techniques. Guitariste noir américain d’exception, musicien professionnel depuis trente ans, Skip McDonald s’est plié à tous les exercices de style. Mais contrairement à d’autres, il en a tiré une force et une philosophie. « Cet éclectisme n’est pas un handicap. J’ai appris des choses de chacun. Dans la vie comme dans la musique, je préfère le mot collaboration à catégorisation. Tous les styles sont frères, pourquoi séparer une grande famille ? » Celle qu’il forme depuis 1979 avec le bassiste Doug Wimbish et le batteur Keith Leblanc autres pointures polyvalentes s’est d’abord illustrée comme groupe maison de Sugar Hill, label pionnier du hip-hop. La musique de The Message et de White lines de Grandmaster Flash, le That’s the joint du Funky Four + One, c’était eux. En 84, une rencontre va transcender le trio. L’Anglais Adrian Sherwood, alchimiste en chef du label On-U-Sound, les croise un jour à New York. « Nous sommes restés enfermés à parler une journée entière, se souvient le guitariste. Nous ne nous étions jamais rencontrés et nous avions l’impression de déjà nous connaître. » Pionnier des fusions dub, précurseur véritable du fameux « son de Bristol », Sherwood les persuade de mettre leur métier et leur sens du groove (Skip a officié derrière James Brown, George Clinton ou les O’Jays) au service de ses expériences. « Adrian est un héritier direct de Lee Scratch Perry, l’inventeur du dub et du reggae expérimental. Un magicien du studio et des fréquences sonores. Un ingénieur fixe habituellement ses réglages avec sagesse. Adrian modifie tout constamment et tire des choses insensées de n’importe quel matériel utilisé. » Associés à quantité de projets On-U-Sound African Head Charge, Gary Clail, Dub Syndicate, Bim Sherman , Skip McDonald, Keith Leblanc et Doug Wimbish (quand il ne cachetonne pas chez Mick Jagger ou Living Colour) ont aussi créé Tackhead, leur propre laboratoire rythmique. Mais c’est sous le nom de Little Axe qu’ils signent un nouvel album, The Wolf that house built. Les aspects les plus robotiques de la machinerie Tackhead ont été gommés au profit du blues le plus hypnotique, d’incantations gospel et de boucles au lyrisme soul. Comme si soudain Kingston se trouvait au confluent de la Tamise et du Mississippi.
Stéphane Davet
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